États-Unis : Trump refuse d’assister à la cérémonie d’investiture de Biden
Le président américain, Donald Trump, a déclaré, vendredi 8 janvier, qu’il n’assistera pas à la cérémonie d’investiture du président élu, Joe Biden, le 20 janvier. Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, veut par ailleurs empêcher Trump d’utiliser les codes nucléaires, et milite pour une destitution de ce dernier.
Donald Trump, bien que résigné à céder sa place, le 20 janvier prochain, à Joe Biden, a annoncé sur Twitter qu’il n’assistera pas à la cérémonie d’investiture de son successeur. Et l’on ne peut pas dire que le président sortant a mis beaucoup de formes dans son message, on ne peut plus laconique.
« À tous ceux qui ont demandé, je n’assisterai pas à la prestation de serment le 20 janvier », a-t-il écrit. Le vice-président, Mike Pence, a de son côté d’ores et déjà fait connaitre son intention d’assister à la prise de pouvoir du président élu.
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a immédiatement réagi à cette annonce, en affirmant que s’il s’agissait, pour le président sortant, d’une stratégie pour ne pas quitter le pouvoir « de façon imminente et volontairement », le Congrès « agira ». Sans préciser par quel biais.
Afin de montrer sa détermination, elle a précisé d’avoir déjà discuté avec l’armée des moyens d’empêcher le milliardaire républicain, qu’elle qualifie de « président déséquilibré », d’utiliser les codes nucléaires.
« Horrible assaut contre notre démocratie »
« Ce matin, j’ai parlé avec le chef d’état-major américain, Mark Milley, pour discuter des précautions disponibles afin d’éviter qu’un président instable ne lance des hostilités militaires ou accède aux codes de lancement et ordonne une frappe nucléaire », a écrit Nancy Pelosi, dans une lettre adressée à ses collègues parlementaires.
Dans cette lettre, la dirigeante démocrate a invoqué la démission de Richard Nixon dans le cadre du scandale de Watergate, lorsque les républicains ont convaincu le président de démissionner et d’éviter l’ignominie d’une mise en accusation, et qualifie les actions de Trump d’« horrible assaut contre notre démocratie ».
La lettre de la cheffe des démocrates au Congrès est arrivée vendredi, alors que l’élan pour une procédure d’impeachment (destitution) se développait rapidement parmi les démocrates, avec le soutien d’une poignée de républicains. La prochaine session de la Chambre est prévue pour lundi 11 janvier.
Fin de mandat chaotique pour Donald Trump
Rappelons que Donald Trump n’est pas tenu par les textes d’assister à cette cérémonie. Mais la présence du président sortant est une véritable coutume. La tradition prévoit que ce dernier s’entretient avec son successeur avant le début de la cérémonie. Les deux hommes, ensuite, traversent la ville de Washington à bord d’une Limousine.
Par cette annonce, Donald Trump réaffirme son opposition aux résultats de la présidentielle. Surtout, il reprend ses distances avec sa volonté d’assurer une transition sans accrocs. Est pourtant, c’est ce qu’il avait affirmé jeudi dernier, au lendemain de l’envahissement du Capitole par ses supporters, appelant à l’apaisement.
Dans un premier temps, Donald Trump s’est bien gardé de condamner les actes de violence perpétrés dans l’antre de la démocratie américaine. Ensuite, il a posté une vidéo dans laquelle il appelait à la réconciliation et à l’apaisement. Il se disait « scandalisé par la violence » déployée la veille par quelques centaines de ses fidèles, leur promettant de « payer » pour leurs actes.
La fin de mandat de Donald Trump est chaotique. Les démissions se sont succédé à la Maison Blanche et dans les secrétariats d’État et des mouvements de rébellion sont lancés. De nombreux responsables politiques ont accusé le président sortant d’avoir favorisé la montée des tensions et joué la stratégie de l’embrasement. De nombreux élus ont appelé au recours à la section 4 du 25ème amendement pour l’écarter de la Maison Blanche avant même la passation de pouvoir. Un scénario qui semble délicat à mettre en œuvre au vu notamment du calendrier restreint.
Cet amendement de la Constitution des États-Unis établit les procédures pour combler une éventuelle vacance du poste de président par le vice-président ainsi que diverses questions annexes. Il remplace la formulation ambigüe de l’article II, section 1, article 6 de la Constitution, qui n’énonce pas expressément que le vice-président devient le président, si le président en exercice meurt, démissionne, est demis de ses fonctions ou est incapable d’exercer ses pouvoirs. Il est adopté le 23 février 1967.
« C’est une bonne chose, qu’il ne se présente pas »
Réagissant à l’annonce de Donald Trump, le président élu des États-Unis, Joe Biden, a déclaré vendredi qu’il était heureux que le président Trump ne vienne pas à son investiture, le qualifiant de « gêne » pour ses actions lorsque ses partisans ont fait irruption dans le Capitole. Il a cependant dit que le vice-président, Mike Pence, était le bienvenu pour avoir rejeté les injonctions de Trump lui demandant d’annuler les résultats du collège électoral.
« Le vice-président est le bienvenu et nous serons honorés de l’avoir là-bas », a déclaré Biden aux journalistes, lors d’une conférence de presse à Wilmington.
Biden a critiqué Trump pour avoir excité ses partisans dans un discours à la Maison Blanche, mercredi 6 janvier, avant qu’ils n’envahissent le Capitole. Trump a affirmé que l’élection avait été volée grâce à une fraude électorale. Cette affirmation a été rejetée par les tribunaux. Ensuite, il a dit à ses partisans d’aller « se battre comme un enfer » au Capitole pour annuler la victoire de Biden. Ce qu’ils ont fait. Et cela a entraîné cinq morts.
« Il a indiqué qu’il n’allait pas se présenter à l’inauguration, l’une des rares choses sur lesquelles lui et moi nous sommes jamais entendus. C’est une bonne chose, qu’il ne se présente pas », a déclaré Biden. « Il a dépassé même mes pires notions à son sujet. Il a embarrassé le pays et nous a embarrassés dans le monde entier. Il n’est pas digne, pas digne d’occuper ce poste. »
Compte twitter suspendu
Donald Trump sur Twitter, c’est terminé. Le service de microblogging a décidé de suspendre le compte du président américain « de manière permanente » afin d’éviter « de nouveaux appels à la violence ».
Dans une note de blog, Twitter précise « avoir étudié les derniers tweets de Donald Trump avec attention » et estimé que leur interprétation constituait un danger pour la sécurité du pays.
Le compte du président américain, défait en novembre dernier par son concurrent démocrate, Joe Biden, avait déjà été suspendu pour 12 heures après l’invasion du Capitole par ses partisans. Donald Trump perd donc le contact avec ses 89 millions d’abonnés.
Robert Kongo, correspondant en France
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