«Tshitshimania»
Taciturne, son silence inspire aussi bien ses fidèles que ses adversaires. Sédentaire, son ombre voyage tant en Afrique qu’outremer. Mystique, son nom cause bien d’insomnies aux nains, jaloux de son gabarit politique. Louis le Belge, Barroso l’Européen, Bush le Yankee, Mandela l’Africain, et sûrement Dieu et Satan connaissent Étienne Tshisekedi. Non seulement il est un fonds de commerce, il sert également de tremplin pour de nombreux chétifs à la recherche de la lumière du soleil.
Jamais politicien congolais n’a autant fait l’unanimité que Tshitshi wa Mupompa, à la fois pour et contre lui. Mis à part Patrice-Emery Lumumba dont la notoriété est inversement proportionnelle aux qualités que lui prête une propagande contemporaine de la Guerre froide. …
Le Tshitshi national, qu’on l’aime ou qu’on le haïsse, ne laisse aucun acteur indifférent … Noir, blanc ou jaune, tous l’estiment, sans réellement l’aimer. Après tout, ce qu’il recherche tant c’est l’immortalité à travers la défense d’une autre façon de gérer les affaires de l’État.
Sa capacité à s’insinuer dans l’esprit de ses adversaires tient à sa force de caractère. À la constance de ses convictions. … Peut-on chercher ailleurs l’origine de la tshitshimania que dans la quête de l’excellence et du patriotisme éclairé après des années d’abrutissement collectif, fruit des amours incestueux entre les puissances néocoloniales et leurs fondés de pouvoir indigènes?
Que des Lilliputiens squattent des chaînes de radio et de télévision, ou noircissent les colonnes de quelques minables tabloïds de Kinshasa, pour désacraliser l’homme qui incarne un certain esprit d’orthodoxie, cela est symptomatique de sa renommée. … Ils se livrent en effet, sans le savoir, à une campagne formidable de propagande en sa faveur. (Le Potentiel, 2006)
Ben-Clet
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