Rajeunir la classe politique ?
Sans être pionnier en la matière, le président Tshisekedi vient d’élever Sama Lukonde au rang de Premier ministre. L’un et l’autre sont jeunes. Ce détail a attiré l’attention des associations de jeunes qui ont salué «l’évènement», avec le secret espoir de voir l’Exécutif formé d’autres jeunes. C’est alors que surgit la polémique.
Est-il temps de « rajeunir » la classe politique, une manière douce de déclasser la vieille garde essentiellement composée de Mobutistes, de Tshisekedistes (père), de Kabilistes (père et fils) ? A-t-on besoin d’une ordonnance pour mettre au rancart des vieux routiers, au motif qu’ils n’auraient globalement pas été des modèles dans la gestion des affaires publiques ?
Les jeunes politiciens en herbe estiment que l’âge doit être retenu, entre autres critères, comme une garantie de perméabilité et d’ouverture aux courants innovants en faveur de la bonne gouvernance. En particulier la «Vision» du chef de l’État. Les aînés se considèrent, pour leur part, comme d’incontournables jalons sans lesquels le tracé d’un nouveau chemin ne peut aboutir.
Jamais le débat ne saurait se cristalliser autour de l’âge pour départager les candidats à la gestion des institutions. Car, en réalité, il existe plein de jeunes à l’esprit notoirement infesté, situationniste, sans idéal autre que jubilatoire. Tandis qu’il se trouve une catégorie d’aînés à l’esprit jeune, alerte, intègre, patriotique. Au fond, le champ politique ne recrute pas de saints. Pas plus qu’il ne forme des anges. Il ne recherche que des serviteurs du peuple.
Ainsi vu, l’Union sacrée mettra en place les institutions pilotées autant par des jeunes que des aînés au CV propre, crédités du sens civique avéré. Car, «être jeune, selon Thomas Mann (in Docteur Faustus, Albin Michel, 1950), c’est être spontané, rester proche des sources de la vie, pouvoir se dresser et secouer les chaînes d’une civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont pas eu le courage d’entreprendre».
Le Potentiel
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