Le barrage de la discorde
La construction par l’Éthiopie du Grand barrage de la renaissance, suivie du programme de son remplissage, fait naître les risques d’un conflit armé. En effet, l’Égypte, que l’histoire présente comme «le don du Nil», menace d’utiliser la force pour empêcher l’Éthiopie de la priver d’eau de consommation et d’irrigation. Le Soudan, lui aussi, redoute les mêmes conséquences.
Cette problématique fait l’objet des débats interminables depuis longtemps. Chaque fois, les discussions butent dans le mur, aucun pays n’acceptant de faire la moindre concession. L’Égypte brandit un traité colonial qui lui reconnaissait la pleine jouissance du fleuve Nil. Mais, à l’époque, la majeure partie des pays africains n’avait pas encore accédé à la souveraineté internationale.
La tension actuelle a surgi lorsqu’Addis Abeba a décidé de construire «le plus grand barrage d’Afrique» sur sa section du fleuve Nil, afin de booster son développement. Noble et légitime objectif. Seulement, c’était sans compter avec les effets pervers que le remplissage induit pour l’Égypte et le Soudan, deux pays tributaires des caprices du niveau des eaux du Nil.
La question du Nil est vitale pour chacun des protagonistes. Recourir aux armes pour la trancher n’apportera pas de solution définitive. Aussi la voie du dialogue est-elle privilégiée. C’est ainsi que s’expliquent les pourparlers tripartites de Kinshasa. Pouvait-on s’attendre à un miracle ? Ce serait sous-estimer les atavismes des opinions publiques dans les trois pays.
À Kinshasa, l’Union africaine n’a pas fait avancer les positions sur le barrage de la discorde. L’Union européenne et l’Onu peineront davantage sur le dossier. La solution la moins coûteuse, la plus durable, est enfouie dans le cœur des Égyptiens, des Éthiopiens et des Soudanais. Ces peuples et leurs dirigeants, eux seuls, en détiennent la clé. Mais qui peut les y contraindre ?
Le Potentiel
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