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INTERVIEW

Cinq questions à Tatiana Nguya (*)

 

1. Pouvez-vous parler de Congres International Congolais dont vous êtes co-fondatrice et de la section entrepreneuriat que vous coordonnez ?

Le CIC ASBL est une organisation de la Société civile légalement établie en République Démocratique du Congo depuis 2009 et qui exerce ses activités dans plusieurs provinces du pays. Il poursuit un objectif principal de préparer une nouvelle génération des cadres du pays beaucoup plus responsables et capables de redorer l’image ternie de la République Démocratique du Congo. Ses membres sont des congolais, toutes tendances confondues, faisant preuve de bonne moralité. Le CIC compte 6 Sections opérationnelles qui conçoivent et exécutent toutes ses activités et ses projets sous la supervision du Comité Directeur. Il s’agit de la Section Genre Famille et Enfant, la Section Santé et Environnement, la Section Droits humains et Résolution pacifique des conflits, la Section Entrepreneuriat et Développement communautaire, la Section Education Culture et Art ainsi que de la Section Eveil patriotique et Engagement citoyen. La Section Entrepreneuriat que je coordonne poursuit les objectifs de former la jeunesse sur l’esprit et la culture entrepreneuriale ; de concevoir et élaborer des projets bancables pour lutter contre le chômage des jeunes et la pauvreté ; d’installer dans les Communes, Quartiers, Territoires, Localités, villages, les CENTRES D’INCUBATION DE L’INNOVATION pour éclore les talents qui s’endorment chez les jeunes ; d’encadrer les jeunes entrepreneurs du secteur informel pour les amener à professionnaliser leurs activités pour une gestion saine et prospère ; d’orienter les jeunes dans les démarches administratives au Guichet unique pour la création de leurs entreprises ; de coordonner tous les Projets du C.I.C. Asbl.

2Vous militez, dans le cadre de vos activités, pour l’implication de la jeunesse congolaise dans les institutions du pays, son engagement citoyen et son émergence sur les plans financier et économique. Comment vous vous y employez ?

Pour ce qui est de l’engagement citoyen et de l’implication des jeunes au sein des instances décisionnelles, nous procédons par une campagne de vulgarisation des droits reconnus à ces jeunes dans les instruments juridiques nationaux et internationaux. Au niveau national nous avons la constitution, la Politique nationale de la Jeunesse, la loi électorale, la loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques en RDC, le Code minier dans lequel il y a un fond réservé aux générations futures (la jeunesse)… qui sont des textes dans lesquels sont consignés plusieurs droits reconnus à la jeunesse. Au niveau international nous avons la Charte de l’union africaine pour la jeunesse, la Résolution 2250 du Conseil de Sécurité des Nations Unies… qui encouragent les Etats membres à impliquer les jeunes dans la gestion des affaires publiques. Quant à l’émergence des jeunes sur les plans financier et économique, nous nous y employons à travers des formations sur l’entrepreneuriat et l’éducation financière, l’accompagnement des jeunes entrepreneurs dans le processus de création de leurs entreprises, la recherche des financements pour leurs projets, leur encadrement pour une gestion saine de leurs entreprises et l’évaluation de leurs projets.

3. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre programme?

La difficulté majeure c’est l’impossibilité de satisfaire tous les jeunes car le nombre des demandeurs d’emplois ou des chômeurs est inversement proportionnel à la quantité des services que nous pouvons leur proposer. Par ailleurs, les fonds pour financer les projets ou les entreprises des jeunes ne sont pas toujours suffisants par rapport au besoin sur terrain. La difficulté c’est aussi la faible coopération du gouvernement congolais avec ce que nous faisons qui est pourtant un appui à l’action gouvernementale. Les rares appuis que nous recevons proviennent essentiellement des organismes non étatiques étrangers. Et pourtant, le gouvernement congolais a l’obligation d’encadrer la jeunesse et de lui garantir un avenir heureux.

4. Que dites-vous des effets pervers de la crise sanitaire mondiale générée par la covid-19 sur l’entrepreneuriat des jeunes ?

La crise causée par la pandémie de covid19 est multidimensionnelle et affecte plusieurs secteurs de la vie nationale et internationale. Dans le secteur de l’entrepreneuriat, la pandémie de covid19 a entrainé l’arrêt des activités de plusieurs entreprises suite aux contraintes de l’Etat d’urgence (fermeture des frontières nationales et internationales, suspensions des activités commerciales, la restriction des mouvements des populations…). Du coup, plusieurs entreprises ont vu leurs chiffres d’affaire sensiblement baissés. Les jeunes qui sont détenteurs des petites et moyennes entreprises, sans gros financements, ont été les plus touchés par cette crise qui a entrainé la faillite de certaines entreprises. D’autres on vu leurs marchandises déjà commandés trainées à l’étranger car les seules marchandises autorisées à franchir les frontières étaient des produits alimentaires et de première nécessité. Par conséquents, tous les jeunes entrepreneurs qui n’étaient pas dans le secteur alimentaire ont vu leurs activités suspendues. Et pendant ce temps, ils devaient nourrir leurs familles et penser à la survie de leurs employés. Où devaient-ils puiser des fonds nécessaires pour couvrir ces dépenses non sans produire des bénéfices ? Bref, la pandémie de covid19 était une catastrophe pour plusieurs jeunes entrepreneurs qui ne savent pas comment relancer leurs activités.

5. Que conclure?

« Je crois fermement que nous sommes dans une ère où nous avons plus que jamais le droit de rêver et d’y croire, mais surtout le devoir d’oser et d’agir. Je crois que le changement est la résultante des efforts conjugués par les uns et les autres, peu importe le domaine d’activité dans lequel nous œuvrons. J’encourage au plus haut niveau la jeunesse congolaise, partout où elle se retrouve, de continuer de bouger les lignes, de remettre en question le statu quo, d’élargir leurs limites ; parce que, oui, aujourd’hui, tout est possible. Avec un peu de volonté, beaucoup de courage et de détermination, nous sommes capables de surprendre le monde par notre créativité et nos innovations et il est évident que nous léguerons aux générations futures le fruit de notre lutte pour un Congo où la jeunesse est d’abord considérée comme une catégorie de la population pleinement réfléchie, intelligente et capable d’assumer des hautes responsabilités et ce, au niveau des différentes instances, ce qui lui donnera la possibilité de briller et de faire briller le Congo.

J’exhorte d’une part la jeunesse à continuer à se former et à s’informer car le monde actuel est basé sur la compétitivité pour la conquête de l’information.  Ceux qui sont au pouvoir ce sont les personnes les plus informées sur les enjeux politiques et économiques de l’heure ; et ceux qui sont dans le monde des affaires sont également ceux qui détiennent les informations les plus fiables sur les opportunités d’affaires et qui savent les saisir. La richesse c’est avant tout la possession de l’information avant d’être la possession de l’argent et des biens matériels.

Je sollicite d’autre part l’attention particulière des dirigeants congolais sur cette couche sociale sur qui repose l’avenir de toute nation, parce qu’il ne peut y avoir développement sans impliquer plus de la moitié de la population qui est constituée des jeunes. En République Démocratique du Congo la jeunesse constitue 65% de la population. L’article 90 de la constitution exige que la composition du gouvernement tienne compte de la représentativité nationale. Cette représentativité doit tenir compte de la proportion de chaque couche sociale au niveau national. Le Chef de l’Etat qui prône l’Etat de droit est appelé à tenir compte de cette disposition de la constitution afin que dans le prochain Gouvernement, la jeunesse représente 65% des membres du gouvernement.

Comme le disait le père de notre indépendance, Patrice Emery Lumumba, ensemble, levons-nous pour bâtir un pays plus beau qu’avant, centre de rayonnement de l’Afrique tout entière. Oui, la jeunesse est débout et le Congo a intérêt de compter sur la jeunesse entreprenante pour transformer toutes ses potentialités afin d’améliorer le bien-être de chaque citoyen.

 

(*) Co-fondatrice de Congres International Congolais

 

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