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FOCUS

Tshisekedi –Kabila : La paix des braves

Il y a du remue-ménage au sein du Comité de suivi de l’accord FCC-CACH (COSAC). Considérés comme des « extrémistes », Augustin Kabuya, Jean-Marc Kabund, Vidiye Tshimanga et Ramazani Shadari sont écartés des négociations qui se déroulent au sein du Comité de suivi de l’accord FCC-CACH. Il leur serait reproché un caractère intransigeant qui bloque inutilement les pourparlers qui doivent faire avancer la machine d’une direction collégiale telle que l’auraient souhaité les deux autorités morales de la coalition, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.

C’est donc sans surprise que les analystes politiques ont appris cette mesure, connaissant bien les positions tranchées et quelque peu carrées de ses « frères-ennemis » qui, s’ils continuent de s’asseoir autour d’une même table, n’arriveront certainement jamais à accorder leurs violons pour regarder dans la même direction, celle de privilégier les intérêts supérieurs de la Nation.

Plusieurs sources concordantes affirment qu’il s’agit d’une petite équipe composée de 4 personnes au sein du Comité de suivi de l’accord FCC-CACH, qui a été mise en place pour la poursuite des négociations entre les deux camps opposés actuellement sur plusieurs questions, mais aussi pour préparer la prochaine rencontre entre le président Félix Tshisekedi et le président honoraire Joseph Kabila.

Mais, selon des sources internes au sein de ces deux plateformes, il y aurait eu recomposition des équipes de négociateurs : Peter Kazadi, Nicolas Kazadi, Kitenge Yezu et Théthé Kabwe seraient désignés pour le CACH. Tandis que du côté FCC, il y aurait Néhémie Mwilanya, Aubin Minaku, Azarias Ruberwa et Raymond Tshibanda qui arboreront l’étoffe des négociateurs.

Selon les mêmes sources, le président ai. de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, son secrétaire général Augustin Kabuya et le secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, ont été mis à l’écart suite à leur « intransigeance » sur certaines questions.

Sauver la jeune démocratie

Et des questions qui divisent, sur le fond, les deux camps sont nombreuses, notamment la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les révocations-nominations au sein de la Cour constitutionnelle, les nominations au sein de l’armée et la police, l’assassinat du général Delphin Kahimbi, la mort mystérieuse du juge Raphaël Yanyi en plein procès Kamerhe…

On peut beau jouer au cache-cache, il y a des fusibles qu’il fallait faire sauter afin que le courant passe normalement. Il était temps. Voilà pourquoi les deux autorités morales ont décidé de faire partir le noyau dur des « faucons » pour les remplacer par des « colombes », mais qui, selon plusieurs observateurs, sont aussi dangereux que les autres.

Comme il fallait s’y attendre, des réactions fusent de partout.

Côté CACH, dans un tweet hier, le Haut représentant du chef de l’État, Kitenge Yezu, a réagi, disant :« Je ne suis pas un nouveau à ce comité. Le temps n’est pas à la distraction. Mais à un crucial besoin d’unité, cohésion, concorde. Ne dispersons ni forces, ni pensées, ni énergie. Place à la synergie constructrice autour du PR. ‘Du roman des suppositions, c’est du vent’. Un vent qui délire », a-t-il écrit.

Comme lui, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a abondé dans le même sens, invitant ceux qui « font du bruit à ne pas distraire la population ».

De l’autre côté, c’est l’ambassadeur André-Alain Atundu Liongo du Front commun pour le Congo (FCC) qui a exhorté les partenaires réfractaires à la coalition FCC-CACH à se reprendre pour l’intérêt de la jeune démocratie.

Il a aussi appelé le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et son prédécesseur Joseph Kabila, autorités morales respectives du « Cap pour le Changement (CACH) » et du FCC, à sauver la coalition, « instrument démocratique pour la gouvernance du pays ».

André-Alain Atundu, qui l’a indiqué au cours d’un point de presse qu’il a tenu, le vendredi 14 août 2020, à Kinshasa, les a invités à veiller au fondement de la coalition, à savoir la confiance et la bonne foi. Avant d’appeler les partenaires à laisser la coalition FCC-CACH jouer son rôle dirigeant et régulateur de la vie politique. Car, selon lui, le président Tshisekedi et son prédécesseur « partagent la passion pour le Congo au regard de leur combat pour le peuple ».

L’UNC, la grande absente

Si d’aucuns saluent l’initiative, il faut cependant faire remarquer que dans le ticket CACH, il n’y a aucun délégué de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe. Est-ce un oubli ou une omission ?

Quel que soit le bout par lequel on va le prendre, l’absence de l’UNC dans ce comité de négociation augure un divorce en voie d’être consommé entre l’UDPS de Félix Tshisekedi et son allié signataire de l’accord de Naïrobi qui les a portés au pouvoir à l’issue de la présidentielle de décembre 2018.

Après avoir laissé la justice « faire son travail », en jugeant et condamnant son directeur de cabinet, le président de la République ira-t-il jusqu’à jeter le bébé avec l’eau du bain ? Sinon, comment va-t-il, lui, l’autorité morale du CACH, justifier cette absence remarquable de l’UNC dans l’équipe restreinte et rénovée des négociateurs au sein de la coalition ?

En un mot comme en mille, si les fondamentaux qui soutiennent la coalition ne sont pas préservés, cette paix des braves portée par Tshisekedi et Kabila ne sera qu’un château de cartes voué à l’écroulement au moindre coup de vent.

 

 

 

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