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CULTURE

« Il a toujours exigé un cachet pour participer à une cérémonie d’hommage à mon frère »

André Bimi Ombale, ancien chanteur de l’orchestre Zaïko Langa Langa, nous a quittés il y a 9 ans. Dans le texte ci-dessous, son frère, Willy Bimi Bola, évoque sa mémoire et fustige le comportement de Jossart Nyoka Longo qui exige d’être payé pour participer à une cérémonie d’hommage à celui qu’il considérait comme son « ami » et « frère ».  

« Bimi eh Wabi eh, Bimi Ombale eh eh, motindo nini nalela eh…/ Soki likambo na ngai, yebisa maman, soki pe bolingo na ngai otuna na ye… », frédonne Willy Bimi Bola lorsqu’il décroche le téléphone pour évoquer la mémoire de son frère décédé, André Bimi Ombale, ancien chanteur de l’orchestre Zaïko Langa Langa. 

« Ces deux chansons, Mwana Wabi et Lisapo, résonnent encore dans ma tête. Je les chante souvent quand je pense à mon frère, Ombale, qui nous a quittés il y a 9 ans.  Il était le plus grand créateur de chansons à succès au sein de l’orchestre Zaïko Langa Langa. Avec 58 chansons à son actif, il était l’auteur-compositeur le plus réussi et le plus prolifique. Aucun musicien de ce groupe ne peut se prévaloir d’un tel bilan. Sa mort m’a beaucoup touché. J’ai eu du mal à m’y faire, même si je le savais malade. Je revenais de Kinshasa trois jours avant, et je suis reparti pour participer à ses obsèques », explique Willy Bimi Bola, avec un brin d’amertume dans la voix.

Une voix inimitable

André Bimi Ombale était l’un des chanteurs, auteurs-compositeurs-interprètes d’exception comme la musique congolaise en a très peu produits. Impossible de ne pas citer les chansons comme « Joliba », « Josélina », « Mizou », « Mwana Wabi », « Lisapo », « Elima Ngando », « Misolina », « Mbelengo », « La Blonde », « Sandra Lina » et bien d’autres, en pensant à la carrière musicale de ce chanteur à la voix inimitable et l’une des plus mélodieuses voix de la musique congolaise toutes époques confondues.

Ombale, comme on l’appelait souvent, savait écrire ses chansons et était devenu incontournable au sein de l’orchestre Zaïko Langa Langa. Ses œuvres marqueront longtemps les amoureux de la bonne musique congolaise de deux rives (Kinshasa et Brazzaville), et les mélodies de ses chansons à la « Los Nickelos » continueront à faire rêver les amateurs de la rumba. Son nom est gravé à jamais dans l’histoire de la musique congolaise.

Des souvenirs de son frère, Willy Bimi Bola en a plein la tête. Mais il préfère partager celui qui a marqué sa famille : l’esprit partageur qui l’animait.

« Lorsqu’il avait perçu les droits d’auteur de la chanson Mwana Wabi, Ombale a partagé cet argent avec toute la famille. Nous étions tous contents et satisfaits de ce geste ô combien louable de sa part. C’était un homme au caractère bien trempé mais partageur », fait savoir Willy Bimi Bola.

Regret

Depuis la disparition de son frère, une seule chose le chagrine : c’est le comportement de Jossart Nyoka Longo, chanteur et président de l’orchestre Zaïko Langa Langa, qui se fait payer pour participer à une cérémonie d’hommage   à celui qu’il appelait affectueusement « mon ami », « mon frère ».

« Je regrette le comportement de mon vieux, Jossart Nyoka Longo. Il a toujours exigé un cachet pour participer à une cérémonie d’hommage à mon frère. C’est inadmissible et son attitude me révulse. Ne le considérait-il pas comme son ami et frère ? C’est ça l’amitié, la fraternité ? C’est une honte ! Par contre, Papa Wemba (de son vivant), Evoloko, Bozi Boziana et les autres n’ont jamais rien réclamé. Nyoka Longo jouait-il de l’hypocrisie vis-à-vis de mon frère ? Aujourd’hui, j’ai tendance à le croire. Lors d’une émission, évoquant l’épopée de Zaïko Langa Langa, il avait du mal à prononcer le nom de mon frère. C’est le journaliste qui le lui avait rappelé ! », se plaint Willy Bimi Bola, très déçu de la fausseté du « président Nyoch ».

Un véritable ami se préoccupe des autres, de ce qu’ils pensent, de ce qu’ils ressentent, de ce qui les fait souffrir…Faute d’aimer les gens, on peut être pour eux une connaissance agréable, mais l’amitié, c’est une autre affaire ! André Bimi Ombale était-il réellement un ami pour Jossart Nyoka Longo ? Au regard cette étonnante révélation, la question se pose.  

De la musique profane à la musique chrétienne

Mort à l’âge de 59 ans, André Bimi Ombale a commencé sa carrière musicale dans le groupe « Les Zézés » (1968-1969) avant son arrivée dans l’orchestre Zaïko Langa Langa. Il y jouait du rythmn’n blues et de la pop music en qualité de batteur (drummer).

Bimi Ombale voulait devenir chanteur. Brocardé à ses débuts par certains de ses amis qui ne lui prédisaient aucun avenir de chanteur, vexé, il quitte Zaîko Langa Langa pour rejoindre le groupe Tabou National (sur les conseils de Tony Dee Bokito de « Los Nickelos » qui a découvert son talent de chanteur, selon plusieurs sources).  C’est à partir de cette escapade dans Tabou National que Jossart Nyoka Longo a compris que Bimi Ombale était un excellent chanteur. Il a donc usé de toute son influence auprès de DV Muanda, fondateur de l’orchestre Zaïko Langa Langa, pour qu’il devienne chanteur.

Le couronnement artistique vient en 1974 lorsque les Papa Wemba, Evoloko, Mavuela et Bozi Boziana quittent le Zaïko Langa Langa. Il s’impose comme chanteur que nul ne conteste le talent. Avec Jossart Nyoka Longo, ils élèvent le Zaïko Langa Langa au rang de l’un des meilleurs orchestres congolais. Toutes ses chansons récoltent un immense succès auprès des critiques et du public.

En 1988, André Bimi Ombale, Ilo Pablo, Mbuta Mashakado, Petit poisson, Popolipo, Jimmy Yaba, Mandjeku Jerba, Lengi Lenga, JP Buse quittent l’orchestre Zaïko Langa Langa pour créer le groupe Zaïko Familia Dei. N’ayant pas connu le succès escompté, le groupe se disloque. André Bimi Ombale crée son propre groupe baptisé « Basilique Loningisa ». Mais cet orchestre peine à s’imposer sur l’échiquier musical congolais.

N’ayant rien perdu de son talent de chanteur, André Bimi Ombale se tourne, en 1990, vers la musique chrétienne au sein du « Ministère du combat spirituel » de Maman Olangi. Il y écrit beaucoup de chansons de louange et d’adoration, Jésus-Christ étant devenu son nouveau maître.

Dans la musique congolaise, quelque soit l’époque, très peu de chanteurs ont atteint ce niveau proche de quasi perfection dans l’art de chanter. C’est Tabu Ley Rochereau qui en est la perfection absolue, mais André Bimi Ombale n’en est pas loin.

Robert Kongo, correspondant en France       

              

 

  

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