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A HAUTE VOIX

Dépenses en mode d’urgence

Publiquement vilipendé, mais astucieusement pratiqué. Tel semble le destin contrasté du paiement des dépenses publiques « en mode d’urgence». Des directives autour de cette pratique ont été données à la 44ème réunion du Conseil des ministres du 14 août 2020. Le président de la République a, en effet, recommandé « que l’exécution des dépenses de l’État soit réalisée dans le strict respect des procédures standards de la chaîne des dépenses », révèle le compte rendu de la réunion.

L’alerte du chef de l’État tombe à pic, après avoir constaté que « le niveau des dépenses opérées en mode d’urgence représente, au 10 août 2020, 37% des dépenses totales, hors rémunérations, dans le budget de l’exercice 2020 ».

Plus alarmant encore est le fait que ces dépenses en urgence « sont souvent payées en espèces », en dehors des circuits bancaires établis. Cette coutume a comme corollaires la surchauffe sur le marché de change, la dépréciation du franc congolais et, au sommet de la pyramide, l’absence de transparence dans l’exécution du budget. Quel gouvernement responsable peut jouer à l’autruche face à ce tableau ?

Donc, stigmatiser les dépenses en mode d’urgence ne revient pas à les interdire. Car la procédure est légale mais exceptionnelle. C’est sa banalisation qui, selon le président, « risque d’instituer la primauté du mode exceptionnel ne respectant pas les étapes de la chaîne des dépenses … (laquelle) assure la transparence ».

Afin d’épargner au pays l’image de nain dans la gestion des fonds publics, il s’impose désormais au gouvernement de « veiller à ce que le niveau des dépenses payées en procédure d’urgence soit fait dans les limites des standards ». En attendant, nous encourageons le ministre des Finances à appliquer l’instruction présidentielle, à savoir : « arrêter sans délai le paiement des dépenses hors chaîne, sauf en cas de besoins dûment approuvés de l’État ».

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