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FCC-CACH : Pour une coalition solide et performante

Une distraction dénommée « Affaire Malonda »

La Covid-19 va inéluctablement causer des dégâts dans notre pays. En effet, avec une économie totalement extravertie, nous importons la majeure partie de ce que nous consommons. Or, du fait de cette pandémie, les recettes d’exportation provenant de la vente de nos minerais sont en train de nous faire cruellement défaut. La fermeture des frontières va dessécher nos recettes douanières, et la fermeture des entreprises va fortement diminuer les recettes fiscales et aggraver le chômage. Le cours du dollar va grimper, entraînant une dévalorisation conséquente du franc congolais. Etabli à 11 milliards de dollars américains, ce sera une gageure de réaliser le tiers du Budget 2020 de l’Etat congolais.

Ainsi, à cause de la modicité de ses recettes, le gouvernement aura du mal à rémunérer les fonctionnaires, les médecins, les enseignants, les policiers, et les militaires. Et les familles congolaises vont éprouver des grandes difficultés pour se nourrir.

Dans mon post du 15 mai courant intitulé « RDC : pour un gouvernement de guerre », j’écrivais ceci : « Le besoin de se nourrir étant vital pour tout être vivant, nous devons nous attendre à des marches de protestation et même de contestation du pouvoir en place, ainsi qu’à un accroissement de la violence urbaine. Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit-on. Le risque de débordements sociaux est très grand, et les pillages de triste mémoire sont encore à craindre. Des revendications à caractère tribal, régionaliste, ou xénophobe vont de plus en plus s’exprimer.

Il faut redouter la perte totale de contrôle des commandes de l’Etat et l’effondrement de l’édifice.

La covid-19 est donc en voie de mettre à mal la stabilité de l’Etat congolais, la cohésion nationale, voire l’intégrité-même de notre espace vital. Notre ennemi le plus dangereux aujourd’hui, c’est cette faim qui menace les populations congolaises. Malheureusement, nous semblons être distraits, ou tout au moins sous-estimer le danger. »

C’est à ce moment-là que, en deux ou trois jours, surgit curieusement, et de nulle part, une tempête dénommée « affaire Malonda » qui emporte des vies humaines et détruit maisons d’habitation et édifices religieux. Ronsard Malonda était inconnu des populations congolaises jusqu’à ce jour. Trois ou quatre jours avant ces marches, il est très peu probable que, devant 10 photos-portraits, 99 % des manifestants fussent en mesure d’identifier ce jeune technicien de la CENI.

Cela veut dire que toute cette masse a fait l’objet d’une vaste manipulation, que des sommes importantes d’argent ont été déboursées pour soulever la population. Qui tire les ficelles, et dans quel but ? Voilà les questions qu’il faudrait se poser.

Mais, par immaturité politique, ou par cupidité, les personnes aux commandes de l’UDPS sont en train de se faire manipuler comme des petits enfants et de desservir les intérêts supérieurs du Congo et du peuple congolais. Ce faisant, ils sont en train de ternir l’image de ce grand parti qui se met, aujourd’hui, à poser des actes aux antipodes des valeurs qui lui ont toujours attiré la confiance et la sympathie des Congolais : la non-violence, le dialogue, la défense de la souveraineté nationale et des intérêts supérieurs du peuple congolais.

L’intelligence politique des jeux et des enjeux semble faire cruellement défaut chez ceux-là qui ont en mains les commandes de l’UDPS. N’étant pas en mesure d’encadrer et de guider dans la bonne direction, exécutant servilement les injonctions de ceux qui cherchent à nous maintenir le nez sous l’eau, ils ne peuvent que conduire l’UDPS à sa perte, et le peuple congolais à la désolation.

L’enjeu des tensions actuelles, c’est la prise de contrôle des commandes de notre pays par les puissances occidentales ; et cela par tous les moyens : violents par les actions de rue et la stratégie du chaos, ou subtiles par le truchement des dialogues sous leur contrôle.

Il en a toujours été ainsi. On se souviendra notamment des marches dites des « chrétiens » ; mais téléguidées en réalité depuis Bruxelles, les conflits ethniques orchestrés de l’étranger, le financement, l’armement, et l’entretien de milices, les contestations systématiques de toutes les initiatives (machine à voter, résultats de l’enrôlement, etc), l’imposition du dialogue du Centre Interdiocésain contre celui de l’Union Africaine dont le contrôle leur échappait parce que modéré par un panafricaniste patenté, la tentative insurrectionnelle des 19 et 20 septembre 2016, le tout précédé par les messes noires de l’Ile de Gorée et le Conclave de Genval.

Il est encore temps de nous ressaisir

A la veille de la passation pacifique et civilisée de pouvoir au sommet de l’Etat, une première dans notre pays, le Chef de l’Etat sortant avait lancé un appel solennel à une coalition des forces progressistes de notre pays ; et il en avait motivé la raison d’être :

  1. Enraciner la vision d’un grand Congo fort et prospère, à jamais libre et démocratique ;
  2. Faire bloc contre les forces prédatrices qui se liguent pour s’accaparer de nos ressources naturelles ;
  3. Défendre l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays, le droit légitime de notre peuple à l’autodétermination ;
  4. Œuvrer pour une prospérité partagée et une cohésion nationale chaque jour plus renforcée ;
  5. Parfaire les chantiers en cours et en ouvrir d’autres plus ambitieux encore.

Au-lendemain de l’entrée en fonction du nouveau Président de la République, la coalition FCC-CACH voit le jour. Mais hélas, les négociateurs des deux camps se préoccupent davantage du partage des postes ministériels entre eux que de la matérialisation de la raison d’être de la coalition, comme énoncé ci-haut. Ainsi, par clientélisme, se stratifie malheureusement une coalition plutôt autour des deux leaders, et non autour du programme pour la matérialisation de la vision. Conséquence de cela, tels des petits enfants dans la cour de récréation, ils passent le temps à se chamailler sur des balivernes et demeurent distraits sur l’essentiel : les intérêts supérieurs de la RDC et du peuple congolais. Beaucoup d’acteurs politiques du FCC-CACH adoptent même des discours, des postures, et des comportements suicidaires pour la coalition.

En vue de rectifier le tir, puisqu’il est encore temps de nous ressaisir, nous suggérons que soit trouvé d’urgence un consensus au sein de la coalition FCCCACH autour d’un programme précis en 17 points à exécuter au courant des 30 prochains mois. Ces points, qui sont de nature à impacter positivement la vie de nos compatriotes, peuvent constituer un minimum autour duquel devrait se resserrer de manière pragmatique cette coalition.

« Dédollariser » l’économie congolaise

L’usage généralisé du dollar américain, par ailleurs en violation de notre Constitution, constitue un piège mortel, une corde que le peuple congolais s’est lui-même mise au coup et qui se resserre lentement et inexorablement jour après jour. En effet, nous avons coutume en RDC d’évaluer les salaires et de fixer les prix des biens et des services par rapport à cette devise étrangère.

Ainsi, en déversant ou en rachetant des masses de dollars sur notre marché, le pays émetteur de cette devise ou ceux qui en disposent de grandes réserves sont en mesure de déstabiliser à tout moment n’importe lequel de nos gouvernements en provoquant une hausse généralisée des prix des biens de consommation courante ; avec pour conséquences notamment des marches de la faim.

Des milliards de dollars qui auraient pu être consacrés à des importations essentielles en biens d’équipement sont gaspillés dans le paiement des salaires des élus, des membres du gouvernement et autres cadres du pays.

Le paiement des ouvriers sur les chantiers pour la construction de nos infrastructures est conditionné à la mise à disposition de dollars américains

C’est pourquoi, la préservation de notre souveraineté et de notre capacité d’autodétermination, ainsi que la maîtrise de notre politique économique imposent d’interdire de manière catégorique le recours au dollar américain dans le quotidien des Congolais et sur l’ensemble du territoire national.

Le gouvernement est donc tenu de revaloriser le franc congolais. Pour ce faire, il devra notamment imposer de : Payer en francs congolais, et via le circuit bancaire, tous les salaires et émoluments ; Opérer toutes les transactions commerciales et fiscales en francs congolais exclusivement ;  Réhabiliter et crédibiliser le système bancaire, notamment en y recourant au maximum dans les paiements à l’Etat, par l’Etat et entre privés, y compris les salaires à tous les niveaux et dans tous les secteurs. En invitant la Banque Centrale du Congo à accompagner la relance de notre économie par l’adoption d’une politique monétaire plus patriotique :

Diminution du montant de la caution exigée pour la création de banques par des Congolais ;  Mise à la disposition du Gouvernement de moyens financiers nécessaires et indispensables à sa politique.

En effet, pour pouvoir relancer la production, construire des infrastructures, et ainsi créer des emplois, l’économie congolaise a besoin d’un coup de manivelle : le financement monétaire contrôlé pendant une période de temps donnée. C’est ce que d’autres pays du monde ont fait quand ils avaient dû traverser des moments très difficiles.

En effet, dès lors que le stratagème est bien encadré, c’est-à-dire si l’accroissement de la demande, consécutif à l’accroissement des revenus, rencontre une offre suffisante sur le marché, et que la monnaie nouvellement imprimée n’est pas aussitôt larguée dans la rue, auprès des « cambistes » pour être échangée contre des devises étrangères aux fins de thésaurisation, alors le financement monétaire, péjorativement appelé « la planche à billet », peut constituer un grand service pour la relance de notre économie. 

D’autre part, l’accroissement de la production à des prix abordables, attirera les acheteurs étrangers qui auront besoin des francs congolais ; ce qui accroîtra la valeur de notre monnaie. En interdisant catégoriquement les activités des « cambistes » sur le sol congolais ; c.-à-d. en ne réservant les activités de change de monnaie qu’au seul secteur bancaire. (À suivre)

Corneille MULUMBA Membre co-fondateur de l’UDPS

 

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