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Me Mbuyu, probable remplaçant de Tunda ya Kasende. En contrepartie, Tshisekedi exigerait le retour de Kabund

Resté vacant depuis la démission, en juillet, de son titulaire, le ministère de la Justice et Garde des sceaux va accueillir, dans les tout prochains jours, son nouveau patron. Cet homme pourrait bien être l’ancien conseiller spécial de Joseph Kabila en matière de sécurité, Jean Mbuyu Luyongola. Quelle signification donnée à son éventuel retour sur la scène publique ? De par son profil d’ancien défenseur des droits humains, ses anciens collègues attendent de lui qu’il milite pour une justice équitable pour tous. Cependant, comme en politique, on ne se fait pas de cadeau, Félix Tshisekedi monterait, lui aussi, des enchères, en proposant le retour aux affaires de son homme de main, le président ai. de son parti, l’UDPS, Jean-Marc Kabund à Kabund, évincé de façon « cavalière » de son siège de 1er vice-président de l’Assemblée nationale. La bataille s’annonce donc rude dans ces négociations aux couteaux.

Depuis la démission, au mois de juillet, de Célestin Tunda ya Kasende, le ministère de la Justice reste vacant, alors qu’il y a plusieurs dossiers urgents à traiter, surtout en ce moment où l’État de droit à commencé à prendre forme.

La question est abordée avec beaucoup de sérieux par les deux autorités morales de la coalition CACH-FCC au pouvoir, le président de la République Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila. Des sources proches du dossier nous renseignent que l’autorité morale du FCC aurait jeté son dévolu sur son ancien conseiller spécial en matière de sécurité, Jean Mbuyu Luyongola. C’est lui qui, sauf dispositions contraires, prendra la place de Tunda ya Kasende. Le dossier serait déjà sur la table du chef de l’État.

On se souvient que Célestin Tunda Ya Kasende avait déposé sa démission, le 11 juillet 2020, auprès du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. De ce fait, il quittait son poste de vice-Premier ministre, ministre de la Justice et Garde des sceaux qu’il occupait depuis septembre 2019. Il lui était reproché d’avoir transmis les observations du gouvernement au sujet des propositions de lois Minaku et Sakata sur la réforme de la justice à l’Assemblée nationale, sans avoir reçu l’autorisation du Conseil des ministres.

À l’issue de cette démission, la cohésion du gouvernement était mise à rude épreuve dans un contexte dominé également par des tensions autour de la désignation de futurs membres du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Aujourd’hui encore, il convient de signaler qu’en dépit d’un semblant de calme que tentent d’afficher les autorités morales du FCC et du CACH, la tension est toujours vive entre les deux camps qui se regardent en chiens de faïence et soufflent à la fois le chaud et le froid.

Mais depuis la semaine dernière, les deux autorités morales avaient placé leurs meilleurs pions dans une équipe restreinte qui serait chargée de préparer les termes de référence d’un cadre de négociations au haut sommet de la coalition au pouvoir. Dans les coulisses de ces négociations entre le FCC de Joseph Kabila et le CACH de Félix Tshisekedi, des coups se font et se défont sur le dos du peuple qui n’aura qu’à assumer la décision, quelle qu’elle soit.

L’homme n’avait jamais quitté le pouvoir

Si Jean Mbuyu doit refaire son entrée au sein de l’équipe gouvernementale, ce ne serait qu’un retour apparent. Au fait, cet avocat de carrière ne l’a jamais quitté puisqu’il compte parmi les hommes-orchestres de l’ex-président de la République Joseph Kabila.

En 2019, lorsque Félix Tshisekedi recherchait celui qui devrait être le Premier ministre de son gouvernement, le nom de Me Jean Mbuyu Luyongola avait été abondamment cité pour succéder à Bruno Tshibala. Avocat de renom sur la place de Kinshasa et en international, Jean Mbuyu est connu pour sa discrétion, son calme et son sens pointus d’analyse des dossiers pour des mesures idoines. Ancien directeur de cabinet adjoint de feu le président Laurent-Désiré Kabila, il a également été deux fois (le tout premier et le tout dernier) conseiller spécial en matière de sécurité de Joseph Kabila, un poste resté vacant depuis la défection de Pierre Lumbi qui était devenu opposant avec le G7.

Quelle signification peut-on donner aujourd’hui à son retour sur la scène publique ? De par son profil d’ancien défenseur des droits humains, ses anciens collègues attendent de lui qu’il milite pour plus d’équité et de transparence dans la gestion de la justice congolaise dont la balance se penche souvent vers les mieux offrants et les puissants.

Qui perd, gagne

Mais si nomination de Mbuyu il y aura, cela n’ira pas comme sur des roulettes. Le président Tshisekedi qui sait qu’il se bat seul contre une meute de caciques qui détient la majorité parlementaire, veut jouer au « qui perd, gagne ».

En échange, le président de la République exigerait le retour de son chef du parti, l’UDPS Jean-Marc Kabund, dans son fauteuil de 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Tout se négocie ici comme du troc traditionnel dans un marché noir. Va-t-on donner raison à ceux qui estiment que la coalition FCC-CACH a pris tout un peuple en otage ?

On peut dès lors soupçonner pourquoi la Cour de cassation s’est déclarée « incompétente » pour trancher ce litige qui a opposé Kabund à sa présidente de la Chambre basse, Jeanine Mabunda. On peut également comprendre maintenant pourquoi, depuis lors et malgré sa désignation par le groupe parlementaire UDPS et alliés, la remplaçante de Kabund au poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Patricia Nseya, n’a jamais pris ses fonctions officiellement.

On dirait, au finish, que dans ce grand marigot aux caïmans, on s’administre des coups, même en-dessous de la ceinture. Ce qui est certain est que chacun y sortira avec la boue, pourvu qu’il n’y ait pas de perdant.

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