Révision de la loi organique sur la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI), la suppression du seuil électoral, la révision de deux articles de la Constitution qui concernent particulièrement le retour à la présidentielle à deux tours, la convergence des énergies de la CÉNI et l’Office national d’identification de la population (ONIP) pour que l’enrôlement soit une opération d’identification de la population, etc. Il s’agit là des idées forces contenues dans le rapport final des consultations du groupe de 13 personnalités (G13), présenté en primeur, lundi 14 septembre, au président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. C’est donc clair. Ce n’est plus une simple option, mais plutôt un impératif absolu : les réformes électorales doivent avoir lieu avant la désignation des futurs animateurs du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI).Cela posera des jalons pour asseoir la confiance, assurer la stabilité et le développement du pays.
Le rapport reprenant le résumé des consultations menées par les signataires de l’appel du 11 juillet pendant 31 jours, (soit du 28 juillet au 29 août 2020), est assorti, apprend-on, d’une proposition de feuille de route qui reprend la séquence des activités permettant la tenue, dans le délai constitutionnel, des élections de 2023.
Il comporte, par ailleurs, des éléments de réponse, les avis, les positions et les propositions de différentes parties prenantes rencontrées par les signataires dudit appel, à savoir les institutions publiques, les partis et regroupements politiques, les confessions religieuses, les organisations de la société civile, le panel des experts des ONG internationales spécialisées dans les questions électorales ainsi que des personnalités.
Pour le député national, Delly Sesanga, qui s’est exprimé au nom du collectif, le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est montré très réceptif à leur démarche. Il les a encouragés à poursuivre leur action afin d’obtenir l’adhésion de la majorité des Congolais.
Pour bien des observateurs, toutes les batteries doivent ainsi être mises en marche afin d’éviter tout report électoral éventuel susceptible d’exposer le pays à des tensions ou encore d’organiser les élections dans les mêmes conditions que celles de 2006, 2011 et 2018.
Chaque jour qui passe sans réformes consensuelles, c’est du temps perdu
Dès lors que le chef de l’État, le groupe de 13, l’ensemble de la classe politique congolaise et la société civile s’accordent sur le fait que les réformes ne sont pas une simple option, mais elles sont un impératif pour asseoir la confiance, assurer la stabilité et le développement du pays, il y a lieu dès maintenant de sonner le go desdites réformes. Sinon, chaque jour qui passe sans réformes consensuelles, c’est du temps perdu.
Et comme la dynamique de ramener les discussions sur les réformes au niveau institutionnel est partagée, l’heure est donc venue, croit-on, pour une action institutionnelle anticipative. Le Parlement doit à tout prix mettre à profit la session ordinaire de septembre 2020 qui s’ouvre ce jour, pour engager en profondeur les réformes électorales. Sinon, se dérober d’un tel devoir exposerait le pays à des crises plus sévères que personne ne souhaite revivre.
Pour le groupe de 13 personnalités (M. Muongo Jean-Pierre, Mme Manya Riche, les honorable Lubaya Claudel André, Lokondo Henri-Thomas, Muyaya Katembwe Patrick, Sesanga Hipungu Delly, Mambidi Koloboro Jean-Marc, Munubo Mubi Juvénal, Ndjoli Eseng’Ekeli Jacques, Mamba Jean-Jacques, Makengo Ngombe Matoka et M. Mukoko Samba Daniel), signataires de l’appel du 11 juillet, il appartient maintenant au chef de l’État et à son gouvernement de passer à l’action. Une action qui devra, sans doute, être caractérisée par une réelle synergie institutionnelle avec le Parlement pour que soit réglé, une fois pour toutes, les questions pendantes liées au processus électoral.
De l’avis du G13, un avis du reste partagé par une grande partie de l’opinion nationale, l’évidence, c’est que la problématique électorale ne saurait mieux être abordée et produire des résultats escomptés que dans un effort de concilier l’agenda des politiques avec celui du peuple, mais surtout en déplaçant le centre de la réflexion et des reformes du devenir des acteurs politiques pour les focaliser sur l’avenir de la nation.
Se passer du FCC
Le rapport final du G13 ne prend pas en compte les avis du Front Commun pour le Congo (FCC). La plateforme chère à Joseph Kabila a catégoriquement rejeté la démarche du G13 et elle soutient mordicus que les réformes institutionnelles ne doivent s’opérer que dans un cadre institutionnel.
L’encouragement du chef de l’État au G13 à poursuivre leur action afin d’obtenir l’adhésion de la majorité des Congolais, vaut ainsi son pesant d’or. Ces consultations seraient davantage inclusives avec les avis du FCC, du reste majoritaire dans les deux Chambres du Parlement et dans les assemblées provinciales.
Cet avis est partagé également par certains Congolais, notamment des internautes réagissant aux tweets liés à la présentation du rapport final au chef de l’État. Mais ils éprouvent une crainte, estimant que la démarche du G13 risque d’avoir moins de chance de produire des fruits, si le FCC s’en tient à bloquer l’évolution des choses au nom de sa majorité numérique au Parlement.
Argumentaire contraire : d’autres internautes indiquent que le FCC n’est pas indispensable. Le Congo appartient à tout les Congolais. Ainsi, rencontrer Joseph Kabila au simple motif qu’il a organisé trois fois des élections en RDC, ne dépendait que de sa disponibilité. « S’il est resté camper sur sa position de refus, en édictant une ligne de conduite à sa plateforme, il n’est pas non plus indispensable dès lors que les trois élections organisées sous son règne ont toutes été chaotiques », tranche un autre internaute.
Dans la foulée, l’on note également que « le pays devrait ainsi sortir de la spirale de la volonté des politiciens qui, en lieu et place de travailler pour le pays, travaillent plutôt pour un individu ».
Néanmoins, c’est la détermination des 13 qui est saluée. « Ils se sont affichés en hommes d’État et faisant la fierté de servir la nation ».
Tous les regards restent tournés vers le Parlement qui doit faire son travail pour que notamment le terme « dépolitisation de la Céni » repris dans le rapport final du G13 soit matérialisé. « S’y opposer serait inviter le peuple à la révolte », commente un autre internaute.
Pas de secousses, Lokondo bel et bien dans les rangs
Pour le G13, il est à craindre que la méfiance entre les personnalités ainsi qu’au sein des institutions et surtout la frustration de certaines personnalités qui sont pourtant des personnages majeurs dans les différents groupes ayant en main la gestion actuelle du pays renforce la radicalisation des uns et des autres au point de constituer un blocage à la marche de l’État et d’empêcher l’aboutissement de toute initiative tendant à proposer des voies de solution à la crise et faciliter un processus électoral apaisé.
Par ailleurs, l’absence du député national Henri-Thomas Lokondo, un des G13, au cours de la rencontre d’hier avec le chef de l’État est bien justifiée. Joint au téléphone, l’élu de Mbandaka a tenu à vite couper court à ceux qui ont estimé qu’il n’est plus dans les rangs. Ce député national réputé pour son franc parler et sa liberté d’esprit est en séjour dans son fief électoral de Mbandaka. Question de rassurer la population sur les différentes initiatives menées et à mener avec la rentrée parlementaire, une population en proie à un pessimisme profond et qui se nourrit du sentiment d’une RDC qui souffre.
Tout comme Lokondo, un autre du G13 absent, c’est Jean-Jacques Mamba. Ce dernier est en dehors du pays.
Dans tous les cas, c’est une arrivée à bon port avec l’initiative du G13. Il revient maintenant aux acteurs institutionnels notamment, au président de la République, de faire usage des prérogatives à lui dévolues par la Constitution ainsi qu’à son gouvernement pour appuyer l’initiative en vue de faire aboutir les réformes proposées.
Le Potentiel