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France : échanges fructueux entre le comité de soutien officiel du docteur Denis Mukwege et l’ASIAM

Dans le cadre de la campagne de mobilisation destinée à soutenir les actions du docteur Denis Mukwege, son comité de soutien officiel en France a échangé avec l’association Agir pour la Solidarité Internationale à Malakoff (Asiam), le vendredi 25 septembre, à l’hôtel de ville de Malakoff, en région Ile-de-France. Cette rencontre a permis d’éclairer la démarche du Prix Nobel de la paix menacée de mort pour ses appels à réclamer la justice et la fin de l’impunité dont bénéficient des responsables des guerres, massacres et crimes qui ont jalonné l’histoire récente de la RDC.

Dès l’abord, Kcreascence Paulusi, coordonnateur en France du comité de soutien officiel du docteur de Denis Mukwege, a adressé le message de remerciement du gynécologue aux membres de l’Asiam.

« Le docteur vous remercie très chaleureusement. Il est très touché par cette marque de sympathie et de solidarité que vous témoignez aux populations victimes de la cause qu’il défend », a dit Kcreascence Paulusi.  Et d ‘ assurer : « Il est déterminé à mener son combat jusqu’au bout ».

En effet, le docteur Denis Mukwege est directement confronté à des massacres, affrontements, aux violences faites aux femmes dans l’exercice de son métier… Bref, à la détérioration de la situation des droits de l’homme, particulièrement dans l’Est du pays, région où il travaille. Cette partie de la RDC est devenue la zone la plus meurtrière au monde. Ce qui s’y passe est la pire des catastrophes humanitaires que le monde ait connu.

« L’Est de la RDC est déstabilisé par de nombreux groupes armés qui continuent d’y régner. Ils se font et se défont au gré des conflits, sur fond de pillages, viols et tueries », a expliqué Paulin Murhula, membre du comité de soutien officiel en France du docteur Denis Mukwege. Et de poursuivre : « Derrière la barbarie des pays voisins, il y a des firmes multinationales qui y opèrent et alimentent les conflits pour exploiter les ressources minières et naturelles de l’Est de la RDC. Elles se servent à moindre coût et agissent avec la complicité de certains responsables politiques congolais. L’enjeu, c’est l’exploitation des matières premières du Congo ».

Aujourd’hui encore, les pillages, les viols et les tueries continuent en RDC : plus de 6 millions de morts, c’en est trop !  Le conflit en RDC est le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale.

Ces interminables atrocités s’expliquent par l’impunité, l’indifférence générale ainsi que le silence de l’opinion publique et des instances dirigeantes du pays. L’ormeta (ou la loi du silence) devient la norme. La communauté internationale se tait. Voire, les médias nationaux et internationaux n’en parlent pas. Et le banditisme continue de sévir.

Le rapport oublié

« Pourtant, un document fondateur de la lutte contre l’impunité en RDC existe. C’est un rapport des Nations unies dénommée rapport Mapping. Il semble être oublié dans les tiroirs des Nations unies depuis 10 ans. Ce document fait la lumière sur les exactions commises entre 1993 et 2003, mettant en cause jusqu’aux plus hauts responsables politiques et militaires de la région des Grands Lacs des pays voisins », a expliqué Kcreascence Paulusi.

À ce propos, le docteur Denis Mukwege ne réclame rien d’autre que l’examen et l’application des recommandations du rapport Mapping des Nations unies. Mais aussi que justice soit rendue aux victimes des crimes à l’Est, toutes ethnies confondues, et que les dédommagements leur soit versés. Il est convaincu qu’ « il n y aura pas de paix sans la justice en RDC et dans la région des Grands Lacs. »

En l’absence de volonté et de capacité de la justice congolaise, le rapport Mapping préconise l’établissement d’un Tribunal pénal international et/ou de chambres spécialisées mixte. Une initiative soutenue par le docteur Denis Mukwege qui appelle donc à la mise en œuvre de cette recommandation et pense que la compétence d’une telle juridiction ne devra pas se limiter aux crimes de 1993 à 2003 mais devrait s’étendre jusqu’à aujourd’hui.

Cet appel à l’exigence d’un Tribunal pénal international pour la RDC lancé par le docteur Denis Mukwege, tel que mentionné dans le rapport Mapping, dérange. Le Prix Nobel de la paix devient ainsi l’homme à abattre. Les menaces à son encontre sont des plus pressantes.

Notons que le rapport Mapping soulève de forts soupçons de complicité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à L’Est de la RDC et indexe certains acteurs congolais et régionaux, voire internationaux. Voilà qui explique le mutisme et l’inertie du conseil de sécurité de l’ONU en la matière. 

Nécessaire accompagnement international

Le comité de soutien officiel en France du docteur Denis Mukwege appelle à un accompagnement international pour faire aboutir ce dossier.

« Le docteur Denis Mukwege est déterminé à aller au bout de sa démarche, malgré les menaces dont il est victime. Il compte sur un accompagnement international. Son souhait est que ces recommandations soient mises en œuvre. Il a donc besoin de tous », a assuré Kcreascence Paulusi aux membres de l’Asiam.

À l’instar de l’UE qui a voté une résolution pour apporter son soutien au docteur Denis Mukwege, victime de nombreux actes d’intimidations et de menaces, même de mort, par le biais de messages haineux sur tweeter ou d’appels téléphoniques, Kcreascence Paulusi, Paulin Murhula… demandent à la France, 5ème puissance économique mondiale et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, de lui emboîter le pas en se saisissant du dossier.

« Travailler avec les élus locaux, voire les associations qui sont des relais dans les communes est notre souhait, car cela créé une synergie et réveille les consciences », a déclaré Kcreascence Paulusi, qui donne deux exemples: « à Melun, les élus ont voté une motion pour marquer l’inquiétude de la ville quant aux menaces proférés à l’encontre du docteur Denis Mukwege, et à Savigny-le-Temple, des élus ont interpellé Emmanuel Macron et la communauté internationale sur le sort du docteur Denis Mukwege ».

Jocelyne Rineau, présidente de l’Asiam a su trouver les mots justes pour répondre à la demande des membres du comité officiel en France du docteur Denis Mukwege.

« Notre rôle est aussi, à notre niveau, d’attirer l’attention sur ce qui se passe dans le monde, notamment en RDC. Je peux vous dire que notre association soutient sans équivoque les actions du docteur Denis Mukwege. Nous répondrons, le 1er octobre prochain, à l’appel qu’il a lancé pour les 10 ans d’existence du rapport Mapping. Nous participerons donc au sit-in sur le parvis des droits de l’homme à la Place Trocadéro, à Paris », a-t-elle assuré.

« Les 10 ans du rapport Mapping est l’occasion de faire connaitre ce rapport et exiger l’application stricte de ses recommandations, notamment la mise en place d’un Tribunal pénal international pour la RDC », a martelé Fatiha Alaudat, maire adjointe à Malakoff, déléguée aux Droits des femmes, lutte contre les discriminations, Culture et paix, Solidarités internationales et ville accueillante.

« Il vous faut reformuler cette demande auprès du parlement européen », a insisté pour sa part Catherine Aubin, membre de l’Asiam.

« Nous comptons beaucoup sur votre participation au sit-in, le 1er octobre. Le docteur a besoin de votre accompagnement et celui de tous », a conclu Kcreascence Paulusi.  

Robert Kongo, correspondant en France

            

 

    

 

 

 

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