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POLITIQUE

RDC : faire échec au plan de balkanisation

L’installation officielle du bourgmestre de la commune rurale de Minembwe, dans le Sud-Kivu, lundi 28 septembre 2020, ne fait pas l’unanimité au sein des communautés locales et suscite l’incompréhension et l’indignation des Congolais. Que l’on ne s’y méprenne pas : l’objectif de cette démarche, c’est la balkanisation de la RDC, un plan auquel le peuple congolais doit faire échec.     

Plus d’une année après leur nomination par l’ancien président de la République, Joseph Kabila, le bourgmestre de la commune rurale de Minembwe, Gad Mukiza de la communauté des « Banyamulenge », a été installé officiellement aux commandes la semaine dernière. Mais où était passé son adjoint, membre de la communauté congolaise des Babembe, absent lors de cette cérémonie ? En déplacement à Baraka, selon certaines indiscrétions.

Cette échappée a produit une forme d’onde de choc qui est montée dans différentes sphères de l’opinion. Elle prouve à suffisance que la gestion de la commune rurale de Minembwe est loin de faire l’unanimité entre les communautés de la région. Les tensions sont perceptibles. Le dialogue intercommunautaire, c’est-à-dire entre les communautés congolaises de la région (les autochtones) et les « Banyamulenge », est quasi impossible.

Des gens venus d’ailleurs

Qui sont-ils les « Banyamulenge », cette communauté qui s’identifie sous la dénomination des « Tustsi Congolais » ? Existent-ils des « Tutsi Congolais » en RDC ? Tout le monde est unanime pour répondre par la négative à cette question. L’histoire nous enseigne que ces gens viennent d’ailleurs.

Les « Banyamulenge », mieux les Tutsis, ont bénéficié de l’hospitalité des Congolais. Ce, depuis l’avant indépendance. Ils ont la qualité de réfugié. Ils vivent essentiellement dans la province du Sud-Kivu, dans la zone proche de la frontière avec le Rwanda et le Burundi, plus précisément à Mulenge, une montagne de l’Itombwe. C’est une communauté rwandophone parlant Kinyarwanda.

Le temps passant, ils revendiquent la nationalité congolaise. En 1972, à l’instigation de Barthelemy Bisengimana, directeur du bureau de la présidence, lui-même d’origine tutsie, Mobutu décida une naturalisation collective de tous les Rwandais vivant en RDC (Zaïre à l’époque/ Loi n° 1972/002 du 5 janvier 1972 relative à la nationalité Zaïroise). La mesure mal accueillie dans l’Est du pays, sera abrogée en 1981(Loi n° 1981/002 du 29 Juin 1981sur la nationalité Zaïroise). Depuis cette date, l’accession à la citoyenneté, par l’acquisition de la nationalité congolaise, repose sur une démarche volontaire et individuelle.

Un vieux rêve réalisé

Depuis la nuit des temps, l’objectif inavoué des Tutsis est de s’approprier les terres congolaises du Nord et Sud Kivu. Et ils s’en donnent les moyens, notamment en profitant au mieux de l’irresponsabilité des autorités congolaises qui ne savent comment déjouer les intrigues de cette communauté bien organisée, disciplinée et conquérante. À moins qu’elles ne soient complices de la désastreuse situation qui prévaut, depuis plus de deux décennies, dans l’Est du pays : guerres, tueries, massacres, viols… Les populations aux abois sont abandonnées à leur triste et propre sort.

Les Tutsis occupent aujourd’hui des postes de haute responsabilité dans les sphères politiques et militaires, voire dans l’appareil judiciaire en RDC. Ils sont « Congolais », disent-ils. Attirés par l’abondance des ressources naturelles extraordinaires que regorge le pays, une malédiction pour le peuple congolais, ils sont là et veulent y rester à jamais. Bref, ils veulent diriger le Congo ou le morceler pour absorber la partie Est, une région proche de la frontière rwandaise, et dotée des ressources minérales rares. Ils y travaillent comme des fourmis qui veulent avoir terminé avant que l’hiver n’arrive. Leur convoitise est ardente, semblable à celle d’un homme mourant de faim, à la vue d’un morceau de pain.

Un pas a été franchi la semaine dernière : Minembwe, commune rurale du territoire de Fizi dans le Sud-Kivu, a officiellement un bourgmestre Tusti, en la personne de Gad Mukiza. Et ce n’est pas un hasard, le tout étant calculé en fonction de l’objectif assigné : céder publiquement cette portion du territoire congolais, qui a presque la même superficie que le Rwanda, aux Tutsi qui réalisent un vieux rêve.

La présence d’une forte délégation à cette cérémonie en dit long sur les intentions réelles des initiateurs de ce plan. Étaient notamment présents : Aimé Ngoy Mukena (ministre de la Défense et des Anciens combattants), Azarias Ruberwa (ministre d’État chargé de la décentralisation et réforme institutionnelle), Célestin Mbala Munsense (chef d’Etat-major général des FARDC), Théo Ngwabidje (gouverneur du Sud-Kivu) ainsi que des députés nationaux délégués de la commission défense de l’Assemblée nationale.  Il faudrait vraiment être naïf pour croire que la rencontre de ce beau monde à Minembwe, ce-jour-là, est un hasard du calendrier.  Étonnant encore est la présence de l’ambassadeur des États-Unis en RDC, Mike Hammer. Quel est le rôle de « Nzita » dans cette mise en scène ? Invité à la fête, tout le monde l’a vu s’assoir à même le sol en train d’haranguer les chefs coutumiers.  Ridicule, quand tu nous tiens !   

Une revendication portée depuis Sun City

Le décret conférant le statut de ville et de commune à certaines agglomérations de la province du Sud-Kivu (Décret n°13/029) a été signé par l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. Son exécution a été décidée en Conseil des ministres dirigé à l’époque par le président Joseph Kabila, le 22 juillet 2015. Faire de Minembwe une commune rurale n’est donc pas du fait de l’actuel gouvernement qui a trouvé ce projet dans les tiroirs. Mais était-il obligé de rendre cette décision effective ?

En sa qualité de président de la République, Félix Tshisekedi a le pouvoir d’annuler une ordonnance ou un décret. Il a aussi le pouvoir de corriger ou de rectifier les erreurs de ses prédécesseurs. S’il ne l’a pas fait, donc tout est bien fait. Les Tutsis lui font porter le chapeau de leur funeste plan. Le danger de la balkanisation réside, justement, dans cette mauvaise façon d’appréhender les affaires du pays.

Certes, Azarias Ruberwa, en sa qualité de ministre d’État chargé de la décentralisation, est compétent pour tout ce qui touche les entités territoriales décentralisées. Il a donc l’autorité d’installer officiellement le bourgmestre de Minembwe. Mais pourquoi le fait-il maintenant et uniquement pour cette seule agglomération de Minembwe ? Dans le contexte général, il y a plus de 270 communes qui doivent être installées dans tout le pays.

En effet, Azarias Ruberwa porte cette réclamation depuis l’ouverture du dialogue inter- congolais à Sun City (Afrique du Sud), entre le gouvernement, la rébellion, la société civile et la classe politique, le 25 février 2002. Il s’agit, en fait, d’un vieux projet tutsi. L’ambition du ministre de la décentralisation a toujours été d’ériger Minembwe en circonscription électorale, dont sa communauté d’origine revendique une certaine appartenance que l’on ne trouve aucune trace dans l’histoire de la région.

L’heure est grave

Aujourd’hui, Minembwe devient une commune rurale. Demain, il deviendra certainement la 27ème province de la RDC (avec un gouverneur et une Assemblée provinciale). Au final, il sera érigé comme agglomération autonome annexée au Rwanda qui tente d’agrandir son territoire et le tour est joué.  

L’affaire Minembwe menace l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC. Elle ne favorise pas non plus la paix entre les communautés qui vivent dans cette commune rurale. Ce qui est sûr, les autochtones ne se laisseront pas faire. Toutefois, être accueillant ne veut pas dire se laisser marcher sur les pieds. Il faut s’attendre à des affrontements sanglants entre communautés.

L’heure est grave, très grave, et le peuple congolais doit être vigilant, il ne doit se laisser exterminer, ni se laisser humilier mais il doit défendre l’intégrité de son territoire de manière à faire échec à ce plan de balkanisation ourdi par des pays voisins avec la bénédiction de la communauté internationale.

Robert Kongo, correspondant en France

     

 

        

               

 

 

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