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Repositionnement politique : une course au partage du gâteau

L’interminable partage du gâteau ! Tel serait le mobile voilé de l’engouement qu’on enregistre aux consultations initiées par le président de la République. Des centaines de personnalités et regroupements qui accourent vers le Palais de la Nation ont-ils vraiment une idée claire de ce que Félix Tshisekedi attend de cet exercice qui vise à former, au finish, l’Union sacrée de la nation ? Pas évident. Étant imbibés dans de mauvaises vieilles habitudes à la fin de chaque rencontre politique, les acteurs politiques – surtout eux – y vont pour arracher leur part de gâteau, au grand dam de l’intérêt de la population. Le chef de l’État devra veiller à ne pas tomber dans ce piège qui risque de creuser davantage un fossé entre lui et le peuple.

Le président de la République a entamé, depuis le 2 novembre 2020,  des consultations politiques et sociales en vue de « la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays », soit une nouvelle dynamique propre à l’accompagner durant le reste de son mandat. L’initiative saluée par plusieurs Congolais récolte un engouement impressionnant au vu du nombre toujours croissant des personnalités qui défilent devant lui.

Même si, sur le plan pratique, la population qui commence à s’impatienter, se pose déjà des questions : jusqu’à quand Tshisekedi va-t-il consulter ? Initialement prévues pour durer une semaine, les consultations que mène le président Tshisekedi depuis le 2 novembre « vont se poursuivre encore ce lundi et devront se clôturer cette semaine », selon certaines sources proches de la presse présidentielle.

Mais quelles issues possibles pour ces interminables consultations qui se déroulent dans un climat toujours délétère. En attendant la réponse du chef de l’État, c’est comme si la vie s’est arrêtée : le Conseil des ministres ne siège plus depuis plus d’un mois… Sur ces entrefaites, les officines politiques font déjà leurs calculs pour avoir droit au chapitre. C’est déjà une guerre de positionnement politique qui est déclenchée.

En effet, l’engouement observé au Palais de la Nation n’est pas un simple fait du patriotisme. Loin s’en faut. La preuve, c’est que tout le monde, ou presque, qui sort de chez le chef de l’État appelle à la rupture avec l’actuelle coalition et au changement d’équipe gouvernementale. Ce n’est pas gratuit. Les politiciens congolais savent que depuis toujours, à l’issue de chaque négociation ou consultation, se dessine une nouvelle cartographie politique. Du coup, chacun veut figurer dans  la nouvelle cour du roi : soit comme ministre, soit comme mandataire ou autre haut fonctionnaire de l’État. C’est de bonne guerre.

Beaucoup d’appelés, peu d’élus

L’on sait que la moisson est, certes, abondante. Mais ce n’est pas suffisant pour que tout le monde y moissonne comme ouvrier. D’ailleurs, de telles attentes trop gourmandes seraient une déviation de l’idée originelle de ces consultations et même de leur objectif final tel qu’annoncé par le président Tshisekedi lors de son adresse à la nation, le 23 octobre 2020. Pour le chef de l’État, l’essentiel, c’est l’Union sacrée de la nation. Une nouvelle forme de gestion qui fédère toutes les forces des filles et fils du pays autour d’un idéal commun, celui qui place en tête l’intérêt supérieur de la nation et non une gestion qui assouvit les appétits gloutons d’une minorité au pouvoir.

C’est donc au sein de cette Union sacrée de la nation que l’on pourra sauver le pays, en préparant, notamment de bonnes élections en 2023. C’est cela le sens plénier de la vision et du programme du président Tshisekedi incarné dans le slogan « Le peuple d’abord ».

Déjà, la Cenco qui avait prévenu au départ de ces consultations, craint que le démon de partage des postes ne prenne le dessus sur l’intérêt d’une population qui n’a que trop souffert. « Nous avons de plus en plus l’impression que des politiques se préoccupent plus des postes à conserver ou à occuper qu’à l’intérêt supérieur de la nation ».

La réalité est celle-là. Tous ceux qui accourent vers le Palais de la Nation n’y vont pas pour les beaux jeux de Tshisekedi. Chacun s’y rend avec ses calculs et son agenda caché en poche. Cependant, une chose est certaine : Fatshi ne saura pas contenter tout le monde ni assouvir la soif de toutes ces gorges déployées déjà ivres de pouvoir. La nation devra avancer quoiqu’il en soit. Et l’Union sacrée de la nation devra se présenter comme un cadre idéal qui réponde aux vraies préoccupations de la population.

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