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Congolité : Pas d’exclusion, plutôt le rassemblement de tous autour des défis de développement

En ce moment où le pays se bat pour son développement et son unité, la sagesse voudrait à ce que plutôt que d’exclure, il faut inclure, mieux, rassembler toutes les Congolaises et tous les Congolais, aussi bien d’origine que d’acquisition, autour de vrais enjeux et défis du pays. Le pays a besoin de toutes les mains de ses filles et fils pour sa reconstruction. L’exclusion de certains Congolais pour quelque raison que ce soit, surtout celle liée à la « Congolité » ne fera que mettre l’huile au feu. Et, ce mauvais exemple, d’autres pays en ont payé les frais, notamment la Côté d’Ivoire avec le triste concept d’«ivoirité ». Il est donc évident qu’avec le débat sur la nationalité, il y a le risque de reculer dès lors que le Congo, au stade actuel de son existence, a besoin des dirigeants qui servent sa cause.

La République démocratique du Congo demeure un enjeu mondial de taille. C’est pour dire que toutes les questions cruciales qui peuvent être soulevées doivent être scrutées dans tous les angles possibles afin de préserver la paix sociale et le vivre-ensemble.

Étonnamment à ce jour, certains sermons sous-tendent la protection de la fonction du président de la République avec la conditionnalité de la nationalité d’origine en lien avec les deux parents congolais. En ce moment où le pays se recherche pour retrouver l’unité totale de ses filles et fils, il y a à se demander sur la nécessité d’une telle proposition au regard de la dynamique de développement, de paix et de cohésion qui voudrait d’ailleurs à ce que des exemples sous d’autres cieux soient pris et que des leçons soient tirées pour qu’en définitive, seul le Congo soit gagnant par rapport à ses choix politiques.

La question fondamentale qui se pose est celle de savoir : « Quel est l’intérêt du Congo, quel est le gain par rapport à la Congolité ? »

La réponse à cette problématique détermine tout. Et dans tous les cas, comme Franz Fanon le disait, « la RDC reste la gâchette de l’Afrique » et donc les options à lever sur les choix et même la gouvernance du pays ont une incidence directe sur le reste du continent. C’est ici que des choix responsables s’imposent. Et la sagesse voudrait à ce que plutôt que d’exclure, il faut inclure, mieux, rassembler toutes les Congolaises et tous les Congolais, aussi bien d’origine que d’acquisition, autour de vrais enjeux et défis du pays.

Comme ailleurs, la RDC doit développer des politiques à court et à long termes, visant à investir réellement dans l’homme pour façonner une loyauté, un patriotisme et une citoyenneté éprouvée et cela, peu importe le type de nationalité congolaise et indistinctement de l’origine des parents…

Comme le dit si bien l’écrivain Jean-Pierre Heyko Lekoba dans son ouvrage : « La Congolité : une quête », les acteurs politiques congolais, forts de l’expérience vécue, doivent concevoir la « Congolité » comme un idéal éthique, une quête dialectique d’homogénéité, un vivre-ensemble à construire ou un acquis à préserver, en permanence, et non pas un facteur de discrimination.

Il est donc évident qu’avec le débat sur la nationalité, il y a le risque de reculer dès lors que le Congo au stade actuel de son existence a besoin des dirigeants qui servent sa cause. Point barre. Sinon que voulons-nous du Congo ? Le pays a simplement besoin des « oiseaux rares » pour réunir le Congo scientifique et le Congo politique afin de diriger le Congo apolitique.

Privilégier l’intérêt commun, le Congo

Vu sous cet angle, la « Congolité » ne doit pas avoir un sens péjoratif, mais plutôt être perçue comme une interpellation visant tous les Congolais, pour surmonter la médiocrité du tribalisme, du régionalisme et des conflits politiciens qui divisent et rétrogradent, afin de privilégier l’intérêt commun, le Congo.

Dans tous les cas, la question de la Congolité ou encore de la nationalité congolaise d’origine, quel que soit le contenu que l’on veut donner au concept, doit être une question de responsabilité, prenant en compte un pays déchiré, il y a peu, par des guerres, un pays qui fait encore face à un problème réel de cohésion nationale avec l’autorité de l’Etat qui s’est effritée, …L’interrogation de l’histoire récente du pays (Accords de Lusaka, de Sun City…) ressort d’ailleurs la dynamique de la nationalité congolaise comme un droit et non plus l’objet de conquête. La preuve, c’est qu’aujourd’hui, la dynamique évolue tellement que des voix s’élèvent pour faire de la question plus qu’un droit, une liberté.

Dans le respect du principe de l’intégration démocratique, il faudrait plutôt concevoir le Congo comme un État multinational avec l’inclusion qui s’applique à tous les individus en tant que porteurs de droits et devoirs pour le Congo. Sinon, le risque sera énorme. C’est que certainement ceux qui seront exclus politiquement de la nationalité au nom d’un contenu qu’on donnerait au concept « Congolité » feront tout pour conquérir autrement ce droit.

Pitshou Mulumba

 

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