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Désignation du président de la Ceni : Une patate chaude entre les mains de Mboso

Inimaginable, l’image des confessions religieuses profondément divisées ! 6 confessions sur 8 qui composent la plateforme des Confessions religieuses ont choisi leur candidat pour la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Un scénario qui rappelle celui de juillet 2020, lors de la désignation de Ronsard Malonda à la tête de la centrale électorale. Le même scénario que celui de 2020 se répète. Comme pour dire, les princes de l’église, pères de foi et généralement donneurs de leçons aux politiques, n’ont pas été, eux-mêmes, capables de tirer les leçons du passé. Entre l’honneur et les relents politiques, la situation confuse actuelle explique tout, mieux est une réponse du choix surprenant opéré par eux. L’Assemblée nationale, avec à sa tête le président Mboso Nkodia, devra ainsi gérer avec méthode et tact la suite du dossier sur base de la loi. Il s’agit là d’une patate chaude, bien très chaude, entre les mains de Christophe Mboso. Lui et son institution devront produire un miracle, celui de développer des codes pour décrypter le langage des sourds.

Qui pour prendre le désormais « mystérieux fauteuil » de Corneille Nangaa ? Question difficile au regard de la tournure inimaginable des événements de la désignation du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

C’est l’histoire qui se répète en RDC. Seulement, là où le bât blesse c’est que les princes de l’église qui ont légalement la mission de choisir le président de la Ceni, n’ont pas tiré les leçons du passé.

Pour rappel, déjà en juillet 2020, la désignation « controversée » de Ronsard Malonda Ngimbi, secrétaire exécutif de la Ceni sous Corneille Nangaa, avait créé la tension au pays, parce que ce dernier était considéré à tort ou à raison comme la cheville ouvrière de la fraude qui a émaillé les élections de décembre 2018.

Retour à la case départ, et comme en juillet 2020, juillet 2021 consacre la répétition de l’histoire. Une histoire regrettable où l’on notera qu’une fois de plus, les religieux se divisent en créant davantage un clivage entre citoyens d’une même nation. A la date butoir du 28 juillet fixée par l’Assemblée nationale, tout comme à la prolongation de 48 heures, les huit confessions religieuses concernées par le choix, à savoir l’église catholique, l’église du Christ au Congo (ECC), l’église kimbanguiste, la communauté islamique, l’Eglise de réveil, l’Armée du salut et les églises indépendantes, ont développé un dialogue de sourds, partagées entre deux candidats avec des griefs « vrai ou faux », leur collés, Denis Kadima porté par l’église kimbanguiste et Cyrille Ebotoko porté par l’église catholique.

En lieu et place de la fumée blanche tant attendue, c’est un rapport, en guise de procès-verbal de non conciliation signé par toutes les parties, qui a été déposé par à l’Assemblée nationale. En même temps, les 6 autres confessions religieuses ont dressé leur PV désignant Denis Kadima comme président de la Ceni et M. Bimwala, de l’Armée du Salut, comme membre de la plénière.

Que fera l’Assemblée nationale ?

Question difficile à trancher dès lors que c’est elle qui devra, bien entendue, gérer la patate chaude entre ses mains. Christophe Mboso et les députés nationaux devront puiser dans la loi, notamment le texte révisé portant organisation et fonctionnement de la Ceni. Ce texte qui a été l’initiative de Christophe Lutundula Apala, alors député, éclaire sur les critères d’éligibilité et la procédure de désignation des membres de la Ceni.

L’on note qu’aux termes de l’article 12, les membres de la Centrale électorale sont choisis parmi les personnalités indépendantes reconnues pour leur compétence, intégrité morale, probité et honnêteté intellectuelle. En complément à l’article 16 qui fixe le statut des membres et à l’article 17 qui soulève les incompatibilités avec la qualité de membre de la Centrale électorale, il est stipulé que « nul ne peut être désigné membre de la Ceni s’il est ou a été cadre national ou provincial d’une organisation politique ou d’une organisation de la Société civile affiliée ou alliée à une organisation politique au cours de 5 (cinq) années précédant sa désignation ».

Le profil pour le candidat président est évoqué dans l’article 12 de la loi organique de la Ceni. Il y a la compétence comme critère de fond et tout ce qui s’en suit, notamment : l’expérience, etc.

S’agissant du critère d’indépendance, la loi est claire. L’on note que « Nul ne peut être désigné membre de la Ceni s’il est ou a été cadre national ou provincial d’une organisation politique ou d’une organisation de la Société civile affiliée ou alliée à une organisation politique au cours de 5 (cinq) années précédant sa désignation ».

C’est sur base de cette disposition légale que devait s’évaluer le critère d’indépendance, estime l’analyste Moïse Musangana, auteur de la tribune intitulé : « Étude comparative des profils des candidats Denis Kadima et Cyrille Ebokoto », relayée par le site 7sur7.cd.

Dans cette perception soulève des interrogations simples : Est-ce que Denis Kadima et Cyrille Ebokoto appartiennent à des partis politiques ou à des organisations de la Société civile affiliées à des partis politiques ? Et pour Moïse Musangana, il ne suffit pas seulement de l’affirmer, mais il convient d’en administrer la preuve, notamment la carte de membre ou l’acte d’adhésion.

Car, explique l’analyste, les deux précités peuvent avoir des préférences entre les partis politiques qui existent ou en sont sympathisants. C’est possible, mais cela n’a rien à voir avec la qualité de membre d’un parti politique. Car, dans la même approche, les chefs religieux, eux aussi, votent pour tel ou tel autre leader politique ou pour tel ou tel autre parti politique, sans être nécessairement membres. C’est pour dire que le vote exprimé ne leur attribue en aucun cas la qualité de membre d’organisations politiques.

C’est ici qu’il faut décrier la démarche subjective tendant à manipuler l’opinion. Une démarche consistant à tabler sur la proximité, du reste non prouvée d’un candidat par rapport au président de la République, ou encore épingler des menaces du pouvoir et des tentatives de corruption dans le chef des autres confessions religieuses, sans en apporter des éléments précis. « Qui a menacé qui ? », « Qui a tenté de corrompre quel leader religieux ? ». Ces questions, sans réponses, friseraient des imputations dommageables, estime l’analyste Moïse Musangana.

Selon des indiscrétions glanées dans les couloirs du Palais du peuple, les catholiques et protestants ont endossé la candidature de Paul Nsapu en remplacement de Cyrille Ebotoko, seule manière de barrer à tout prix la route à Denis Kadima, alors que les six autres confessions religieuses n’ont pas évolué dans leur choix avec le candidat Denis Kadima ou rien.

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