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Loi sur la Congolité, Ceni, état de siège… : Tshisekedi sort de sa réserve

En séjour aux Etats-Unis d’Amérique depuis la semaine dernière, le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, interrogé par la Voix de l’Amérique (VOA) en marge de son discours aux Nations unies, s’est prononcé à cœur ouvert au micro d’un journaliste congolais de la diaspora, Marius Muunga, sur des questions d’actualité de l’heure au pays, la RD Congo. Il s’agit notamment la proposition de « Loi Tshiani » , mieux sous l’appellation loi sur la Congolité, le blocage du processus de désignation des membres du bureau de la Céni par les confessions religieuses, le maintien de l’état de siège en Ituri et dans le Nord-Kivu… Au sujet de la proposition de la loi sur la « Congolité » connue également sous le nom de la loi « Tshiani », Félix Tshisekedi n’a pas mâché ses mots pour renvoyer cette proposition de loi à ses initiateurs. À tout prendre, Tshisekedi n’en veut simplement pas. Il a également révélé sa position sur le processus électoral. Félix Tshisekedi a rappelé aux confessions religieuses leur responsabilité avant de menacer de soumettre la question à l’Assemblée nationale, eu égard à son statut de garant du bon fonctionnement des institutions de la RDC. Sur une autre question aussi sensible qu’est l’état de siège en vigueur dans les provinces de l’Ituri et dans le Nord-Kivu, le président s’est voulu intransigeant. « L’état de siège ne sera levé que quand les circonstances qui l’auront motivé disparaîtront », a-t-il lâché.

« … d’abord je commence par dire que Tshiani est un Congolais jusqu’à la preuve du contraire qui a le droit de penser ce qui est bon pour son pays, selon lui. C’est son droit. Donc, on ne va pas ici faire le procès de Tshiani, parce que nous voulons qu’il y ait la démocratie, que chacun puisse s’exprimer. Ça c’est clair. Et d’ailleurs à ce sujet, pour la petite histoire, je parlais avec un officiel belge pour lui dire que vous savez que chez vous en Belgique, il y a des gens qui disent tout haut qu’ils sont contre la royauté ! Mais on ne les met pas en prison, on ne les fait pas taire ! Est-ce que la royauté s’en va pour autant ou qu’elle change pour autant ? Non! Le roi est là et il est bien là. C’est la même chose. Alors maintenant que vous demandez mon avis, moi je ne vais pas donner mon avis, mais je vais juste faire un constat, car je n’ai pas envie d’entrer dans cette polémique que cette proposition de loi a suscitée. Mais je dirai simplement qu’être Congolais de père et de mère suffit à garantir une bonne gestion des Congolais de pères et de mères ? (…) Est-ce que cela suffit comme critère pour servir son pays de manière loyale, fidèle et ses compatriotes de manière convenable ? Je ne crois pas, je ne crois pas parce que l’histoire, même la plus récente de notre pays, nous démontre qu’il y a eu des Congolais de père et de mère qui ont participé à la ruine de notre pays ! Donc pour moi, ce n’est pas un critère », réponse du président Tshisekedi à VOA Afrique sur la question sur la Congolité.

Ce réquisitoire de Félix Tshisekedi, ajouté à cela la non-prise en compte de cette proposition au début de la session de septembre au Parlement, fait croire aux observateurs de la scène politique congolaise que, désormais, la loi Tshiani est un dossier classé, qui se conjugue au passé.

Alors qu’au début, l’auteur de cette loi donnait l’impression d’avoir reçu le soutien de Fatshi, la suite a fini par livrer son secret, en démontrant qu’il n’en était pas le cas.

L’autre curiosité, c’est le silence du leader d’Ensemble pour la République et son clan, alors qu’à l’annonce du dépôt de cette proposition de loi par le député national Nsingi Pululu à l’Assemblée nationale, la famille politique de Moïse Katumbi qui attribuait à Tshisekedi la paternité de ce projet de loi, s’y était farouchement opposé. Vont-ils faire amende honorable, maintenant que Fatshi a dit ouvertement ce qu’il en pense.

La question de la Ceni urge

Quant à la question sur la désignation des animateurs de la Ceni, Félix Tshisekedi a rappelé aux confessions religieuses leur responsabilité avant de menacer de soumettre la question à l’Assemblée nationale eu égard à son statut de garant du bon fonctionnement des institutions de la RDC.

Afin de faire atterrir en douceur cette question à multiples enjeux, Félix Tshisekedi plaide pour une solution concertée entre confessions religieuses car, dit-il, « le pays a un chronogramme électoral à respecter ». Ne pas le faire au moment opportun risque de retarder le processus électoral qui doit absolument être respecté. « C’est nous les politiques, ce n’est pas eux les politiques, pourquoi est-ce ça coince ? Ça se comprendrait si ça se passait entre nous. Or, les politiques sont prêts », s’est inquiété le président Tshisekedi.

Plusieurs observateurs prédisent la continuité du blocage, car ne voyant manifestement pas, à ce jour, comment les confessions religieuses pourront-elles encore s’entendre, les intérêts qui les animent étant de loin divergents. Avec un tel comportement des « hommes de Dieu », il y a de forte chance qu’aucun consensus ne soit trouvé et que le temps s’écoule avec tout le risque d’un glissement du calendrier électoral.

Intransigeant sur l’état de siège

Au cours du même entretien avec la presse, le président de la République est revenu sur sa position sur le maintien de l’état de siège dans deux provinces, l’Ituri et le Nord-Kivu. En effet, Félix Tshisekedi a vanté, mardi, du haut de la tribune de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, les mérites de l’état de siège décrété depuis plus de 4 mois dans ces deux provinces de l’Est de la République démocratique du Congo.

Visiblement, le président s’est voulu intransigeant sur la situation des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri placées sous état de siège. « L’état de siège ne sera levé que quand les circonstances qui l’auront motivé disparaîtront », a-t-il déclaré.

Cette mesure forte ayant concentré toute la gestion politique et administrative de deux provinces entre les mains des officiers de l’armée et de la police, « a permis la neutralisation de plusieurs centaines de miliciens », a déclaré Tshisekedi. Il a affirmé que dans l’Est de son pays, les terroristes « opèrent sous couvert des ADF (Forces démocratiques alliés, NDLR) et des forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ». « L’Afrique refuse de servir de base arrière au terrorisme », a-t-il lancé.

Par ailleurs, il Tshisekedi a fait état de la « réduction sensible des attaques » contre les civils alors que la Société civile, elle, parle d’une montée sans précèdent des massacres. Depuis la proclamation de l’état de siège, plus de 700 civils ont été tués dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, d’après la Société civile et l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW).

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