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ECONOMIE

Budget 2021 : L’ODEP fustige l’inadéquation entre la vision du gouvernement, la programmation et l’exécution

L’exécution du budget, de janvier à septembre 2021, n’a pas été conforme à la loi de finances y afférente. C’est ce qu’indique un rapport de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) publié, le 7 janvier 2022 à Kinshasa. Cette organisation de la Société civile spécialisée en questions de finances publiques dénonce dans son rapport, l’inadéquation entre la vision du gouvernement et la programmation, la budgétisation, l’exécution, le suivi-évaluation de la loi de finances de 2021. Ce qui n’aurait permis ni de créer des richesses, ni de promouvoir une croissance économique pro-pauvre, encore moins d’améliorer les conditions sociales de la population congolaise.

Pour l’ODEP, des priorités ont simplement été abandonnées dans le cadre de l’exécution du budget de l’exercice 2021, contrairement à ce qui a été annoncé dans le cadre budgétaire à moyen terme à 2021.

Comme pour étayer ses affirmations, l’ODEP note qu’à fin septembre 2021, plusieurs lignes budgétaires – dont l’impact demeure faible dans la vie de la population – ont connu un paiement de 1.074,12 milliards de francs congolais (526 526 112 USD) contre les prévisions linéaires de 560 milliards CDF, soit 191,7%.

Allusion faite, entre autres, aux « indemnités kilométriques », frais secrets de recherche qui ont connu un taux d’exécution de 474% ; la liste civile avec un taux d’exécution de 102% ; les fonds spécial d’intervention qui affichent un taux d’exécution de 203,05% ainsi que les frais d’installation ou d’équipements dont la ligne budgétaire a été exécuté à hauteur de 513,0%.

Des imperfections à bannir

« L’exécution de la loi de finances reste marquée par l’affaiblissement des institutions à caractère social. Les dépenses de la santé, éducation, agriculture et infrastructures sont restées faiblement payées au cours de la période. 80% de décaissement concerne les rémunérations en lieu et place des investissements. Les institutions phare du pays sont trop gourmandes. La présidence de la République (211,6%), l’Assemblée nationale (103%), le Sénat (133%) et la Primature (131%) ont vu leurs dépenses exploser en 9 mois », fustige l’ODEP.

Ces dépenses en dépassement, soutiennent les experts de l’ODEP, sont justifiées par le recours à de « mauvaises pratiques de gestion ».

Dans ce registre, le rapport de l’ODEP soutient que la présidence de la République a augmenté le nombre de son personnel à charge de l’Etat, passant de 455 agents en 2018 à 1018 en 2021.

Le bureau de l’Assemblée nationale est accusée de rémunérer 2.756 membres de cabinet, hormis les 500 députés. Quant au bureau du Senat, il rémunérerait 881 membres, hormis les 109 sénateurs.

A la Primature, l’ODEP a découvert que 606 personnels politiques affectés dans le cabinet du Premier ministre sont rémunérés.

Investissements publics piétinés

Par contre, s’indigne l’organisation, l’Etat n’aurait dépensé que 59 milliards de CDF (29,6 millions USD) contre les prévisions linéaires de 256 milliards de CDF (128,0 millions USD), soit 23,14% pour le compte des investissements publics. Un montant qui représente environ 10% de la consommation de fonds utilisés par la présidence de la République (253 millions USD) et du fonctionnement des institutions (150,9 millions USD).

Du point de vue des inégalités sociales, le rapport d’enquête renseigne que celles-ci sont également perceptibles dans la répartition des ressources tirées par l’Etat.

Dans ce chapitre, les experts de l’ODEP révèlent que le salaire le plus bas est fixé à 90 USD tandis que le plus élevé, lui, s’élève à environ 25.000 dollars américains.

« Les fonctions politiques restent le travail de prestige dont le salaire le plus faible dans un cabinet politique se situe entre 800 USD et 3.000 USD le mois. Le métier le plus marginalisé reste l’enseignement, avec un salaire moyen de 180 dollars USD », regrette l’ODEP.

Signalons par ailleurs que dans son rapport publié début 2022, l’ODEP dénonce l’aggravation des pratiques de corruption. Le Parlement, temple de la démocratie, soutient-il, a été transformée en temple de la corruption. L’inspection générale des finances se serait illustrée par la banalisation des cas de violation de la loi relative aux finances publiques. L’ODEP fustige également l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre les politiques publiques.

Olivier Kaforo

 

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