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57 morts à Djugu, 26 morts à Matadi Kibala et 6 morts à N’Sele : 2 février, un mercredi noir en RDC

Mercredi 2 février a été une journée dramatique en République démocratique du Congo. À Kinshasa, 26 personnes, en majorité des vendeuses au marché Matadi Kibala à l’Ouest de la capitale sont mortes électrocutées à la suite de la coupure d’un câble électrique à haute tension de la Société nationale d’électricité (SNEL). Et comme si cela ne suffisait pas, la route de la N’Sele à l’Est de la capitale a aussi été meurtrière, avec un accident de la circulation au niveau du centre sportif Mikala, bilan provisoire : 6 morts. À Djugu, dans la province de l’Ituri, les autorités militaires ont annoncé, ce même mercredi, une incursion des présumés miliciens de la Codeco survenue dans la soirée de mardi 1er février au site des déplacés, à 3 km de Bule, près du centre de la chefferie de Bahema. Bilan provisoire : 57 personnes tuées. Ca fait simplement trop !

Déjà pour Kinshasa, le drame de Matadi Kibala est de trop. Et, la situation nécessite l’établissement des responsabilités dès lors que la problématique du marché de Matadi Kibala avait fait l’objet, le 7 janvier dernier, d’une communication présidentielle au cours de la réunion du Conseil des ministres. Félix Tshisekedi avait bel et bien attiré l’attention du gouvernement sur le positionnement actuel de ce lieu de négoce. L’évidence, c’est que ce marché, « pirate » ou pas, ces personnes ont péri suite à l’irresponsabilité du gouvernement qui laisse les citoyens vendre dans un marché à risque, situé dans la servitude des lignes acheminant le courant électrique. Il en est de même dans la règlementation de la circulation dans la capitale avec l’accident de circulation ayant emporté six personnes à la N’Sele. C’est un accident de trop qui illustre combien des excès de vitesse et même la problématique de la qualification des conducteurs, mieux, « des chauffeurs de la mort », sont monnaie courante.

S’agissant du drame de Djugu, c’est une autre problématique qui nécessite plus d’éclairage des autorités militaires de l’Ituri. Car, il y a quelques mois déjà, les déplacés de guerre basés dans plusieurs sites, notamment Roe et Drodro plaidaient pour le renforcement des effectifs des casques bleus de la MONUSCO, dans cette région où les groupes armés sont très actifs. C’est pour dire qu’il s’agit d’un problème sécuritaire connu. Anticiper les événements ou les subir, le choix à faire est clair.

Une catastrophe s’est produite, mercredi 2 février au marché de Matadi Kibala, dans la commune de Mont Ngafula à Kinshasa. Le bilan officiel fait 26 morts dont 24 femmes et 2 hommes. À la base, un câble électrique haute tension s’était détaché de deux pylônes situés entre les quartiers Matadi Kibala et Mama Mobutu.

Aussitôt informée, une équipe gouvernementale composée du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, des ministres des Affaires sociales, actions humanitaires et Solidarité nationale, des Ressources hydrauliques, de la Communication et des Médias ainsi que le gouverneur de la ville de Kinshasa, conduite par le chef du gouvernement, Jean-Michel Sama Lukonde, était descendue sur le site funeste pour s’enquérir de la situation réelle. En fin de soirée, c’était le tour du chef de l’État lui-même de faire une descente sur les lieux du drame.

Après avoir visité le lieu du sinistre et reçu des explications sur ce qui s’est réellement produit, le Premier ministre a tout d’abord exprimé sa tristesse face à cette situation qui endeuille de nombreuses familles.

« La première de chose, c’est de déplorer l’incident qui est arrivé des suites d’un coup de foudre. Il y a un câble qui a été sectionné et tombé sous la servitude. Malheureusement, il y avait des flaques d’eau dans lesquelles se tenaient des femmes maraîchères qui vendaient.  Comme conséquence, 26 personnes sont décédées dont 24 femmes et 2 hommes et deux blessés graves qui ont été acheminés à l’hôpital. Les corps sans vie ont été acheminés à la morgue de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo », a déclaré Sama Lukonde.

 Vivement la délocalisation du marché

Le Premier ministre a ensuite présenté, au nom du chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, des condoléances à toutes les familles éplorées.

Le chef du gouvernement a, par ailleurs, souligné la nécessité de tout mettre en œuvre pour des solutions idoines et définitives, en envisageant notamment la délocalisation du marché de Matadi Kibala, où les vendeurs courent beaucoup de risque sous différents angles. Le gouvernement s’engage également à s’occuper des obsèques de toutes les personnes décédées.

Par ailleurs, Jean-Michel Sama Lukonde s’est engagé à réactiver les instructions du chef de l’État autour du marché Matadi Kibala.

« Le deuxième constat, c’est de rentrer sur des instructions qui nous ont été données par le président de la République sur le besoin de voir comment il faut s’occuper de ce site. Ce marché de Matadi Kibala présente beaucoup de risques du point de vue de la circulation routière et aussi de la servitude sous laquelle il y a des personnes qui ont construit, malheureusement en marge de la loi. Ici, nous allons d’abord prendre nos responsabilités dans le sens de nous occuper, en tant que gouvernement des personnes qui sont décédées. Et très vite, on va voir, avec les autorités de la ville d’abord, non seulement le gouverneur, mais aussi les ministères sectoriels concernés, comment on peut arriver à trouver une solution durable à cette question du marché de Matadi Kibala ici, dans la ville de Kinshasa », a renchéri Jean-Michel Sama Lukonde.

De son côté, Gentiny Ngobila, gouverneur de la ville qui faisait partie de la délégation, a déploré les conditions dans lesquelles vendent ces commerçants dans ces marchés pirates alors que des tables et autres espaces aménagés pour eux sont quasi vides.

 On se souviendra que le 7 janvier 2022, le chef de l’État a instruit le gouvernement en vue de la délocalisation de ce marché pirate, plusieurs fois objet d’accidents graves.

Faire toute la lumière

Ayant appris avec consternation et tristesse le drame survenu à Matadi-Kibala, le président de la République est descendu sur les lieux. Félix Antoine Tshisekedi a salué la mémoire des victimes et présenté ses condoléances aux familles des victimes et a rassuré que les responsabilités seront établies à la suite de ce drame.

« Le président Tshisekedi a instruit les autorités compétentes pour qu’elles apportent toute l’assistante nécessaire aux victimes. Toute la lumière sera faite sur les causes de ce drame et les responsables devront en répondre », a prévenu le chef de l’État.

La SNEL se dédouane

Par rapport aux morts de Matadi Kibala, les experts de la Société nationale d’électricité (SNEL) ont fourni des explications techniques sur les raisons de cet énième drame qu’on pouvait éviter.

« Quand il a plu ce matin, il y a eu un coup de foudre sur un conducteur qui s’est coupé. En tombant, il a touché une surface au sol où il y avait des eaux de pluie. Et il y a eu tous ces dégâts », a expliqué, sur TOP CONGO FM, le directeur de transport en charge des postes et lignes haute tension à la Société nationale d’électricité (SNEL).

« La décharge atmosphérique touche toujours le point le plus haut et nos lignes haute tension sont souvent assez haut. Mais elles sont conçues pour qu’elles ne se coupent pas, même quand il y a eu coup de foudre. Malheureusement, le conducteur s’est coupé cette fois », a déplore Thierry Kapesa.

« En temps normal, les gens ne peuvent pas être en-dessous des lignes haute tension. Nous interpellons tous les jours. Nous insistons pour qu’il n’y ait personne en-dessous de nos lignes haute tension », a-t-il poursuivi.

« Nous avons sensibilisé les autorités, il y a même des décrets qui interdisent aux gens de construire ou d’y faire des activités. Nous avons suffisamment sensibilisé parce que nous savons que nos lignes sont dangereuses. Nous avons même fait des plaintes contre inconnus ». Thierry Kapesa explique que « là où il y a des lignes haute tension, il y a un axe de 25 mètres de part et d’autre sous lequel il est interdit de faire des activités ».

Malheureusement, a-t-il déploré, « le marché est venu se créer là-bas. Il n’y avait rien quand nous avons placé nos lignes. Il y a aussi les autres constructions qui sont en-dessous des lignes haute tension. Ces constructions sont venues après ».

Quoiqu’il en soit, puisque des vies humaines sont fauchées, des responsabilités doivent être établies afin des coupables, à tous les niveaux, répondent de leurs actes.

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