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AFRIQUE

Développement, santé, intégration régionale : Tshisekedi laisse ses empreintes à l’UA   

Fin du mandat de la RDC à la tête de l’Union africaine. Le président sénégalais Macky Sall, qui a repris le flambeau des mains de Félix Tshisekedi, président de la RDC et président sortant en exercice de l’Union africaine, a salué le travail abattu par son prédécesseur. Devant ses pairs africains réunis en Assemblée générale, samedi 5 février à Addis-Abeba (Ethiopie), Macky Sall a affirmé que Felix Tshisekedi s’est acquitté de sa tâche de président de l’UA avec « constance et dévouement ».

S’adressant singulièrement à M. Tshisekedi, le président sénégalais a déclaré : « Merci Felix pour les efforts considérables que tu as consacrés à notre continent ».

Dans la foulée, le nouveau président en exercice de l’UA a salué des avancées de l’UA dans les secteurs, notamment, de développement, de la santé et de l’intégration régionale. En clair, il s’agit là des empreintes que laisse Félix Tshisekedi à l’honneur de toute la RDC qu’il a porté haut dans le concert des nations. L’on note, à titre illustratif, la matérialisation de la zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF) et la riposte coordonnée des pays africains contre la pandémie de la COVID-19. Cependant, « les défis restent nombreux et pressants », a relevé le président sénégalais. Parmi lesquels, la paix, la sécurité, des changements anti constitutionnels à la tête des pays, la sécurité alimentaire, l’éducation des jeunes, la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles prononcé comme président en exercice de l’Union africaine, Félix-Antoine Tshisekedi a déclaré qu’il est impératif vital de faire taire les armes sur le continent. Ce qui implique la consolidation de l’architecture africaine de la paix et de la sécurité et l’assurance de l’opérationnalisation générale et totale de la force africaine en attente.

Pitshou Mulumba

Ci-dessous l’allocution du président de la RDC et président en exercice de l’UA, discours de clôture de mandat :

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, Madame Aminata Mohamed, Secrétaire Générale adjointe des Nations Unies, Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine, Distingués participants et Invités, Mesdames et Messieurs,

Il y a un an, vous avez bien voulu confier à la République Démocratique du Congo, à travers ma personne, la Présidence de l’Union Africaine. Aujourd’hui, c’est avec un sentiment de gratitude que je me présente devant notre haute instance et, à travers elle, devant l’ensemble des populations africaines, pour rendre compte de l’accomplissement de la mission qui m’avait été confiée.

Au seuil de cette mandature, il m’a fallu, comme pour mon prédécesseur, le Président Cyril Ramaphosa, accorder d’abord une priorité absolue à la lutte contre la pandémie de COVID-19 et sa cohorte des variants. Des avancées remarquables ont été réalisées.

C’est le lieu ici de saluer tous les efforts fournis et poursuivis par le Président Cyril Ramaphosa, Champion de l’Union Africaine, pour le rôle important qu’il a joué dans le processus d’acquisition des vaccins, plus particulièrement dans la promotion de leur production sur le continent.

C’est aussi le moment d’honorer le combat du CDC Afrique, sous le leadership de son Directeur Général John Nkengasong, ainsi que celui de tout le corps soignant du continent. Il demeure à présent urgent de procéder à l’autonomisation fonctionnelle de Africa CDC et à la mise en place effective de l’Agence Africaine des Médicaments.

Pour illustrer cette autonomisation, il y a lieu de rappeler qu’en République Démocratique du Congo la lutte contre la pandémie a été marquée par la mise au point d’un produit dénommé Dubase-C par un groupe de scientifiques Congolais de renom. C’est une molécule à base de plantes médicinales congolaises homologuée par l’OMS. L’Afrique devrait encourager tous ces scientifiques à mutualiser leurs efforts dans la poursuite de la lutte contre ce fléau.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Cette année a été une grande année de la culture. La Charte de la Renaissance culturelle africaine, adoptée en 2006 à Khartoum, a enfin obtenu l’ensemble des ratifications attendues des États membres. Son entrée en vigueur, depuis le 25 mai 2021, permet l’affirmation de l’identité culturelle commune des peuples d’Afrique. Pour aller plus loin, il serait sans doute opportun que notre organisation décrète une décennie consacrée à la valorisation de la culture africaine, pour donner une impulsion décisive à la renaissance africaine.

Cette année grande année culturelle a été aussi marquée par des initiatives fortes telles que la traduction de l’hymne de l’Union Africaine en lingala, la production d’une chanson panafricaine ou encore la création du Festival Panafricain de Kinshasa et l’organisation d’un colloque sur la reconstitution des biens culturels. Je voudrais en particulier souligner l’innovation de la célébration de la journée de la culture africaine et afro-descendante et de la création du Grand Prix Panafricain de Littérature.

La Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro-descendante, instituée par l’UNESCO en 2019, a été célébrée officiellement et pour la première fois par l’Union Africaine, le 24 janvier dernier par des manifestations que j’ai présidées à Kinshasa, en ma qualité de président en exercice de l’Union Africaine. À l’occasion, il a également été créé dans mon pays une Maison de la Culture Africaine et Afro-descendante.

La création d’un Grand Prix Panafricain de Littérature consacré aux œuvres littéraires suivant notre vision propre, résolument panafricaine, constitue un évènement majeur. Porté par un jury prestigieux de 10 personnalités africaines du monde des Lettres, il vient d’être décerné pour la première fois, à une écrivaine camerounaise, Osvalde Lewat, pour son roman « Les Aquatiques ». Je voudrais ici remercier ce grand jury pour son dévouement et son professionnalisme et présenter, par ailleurs, mes vives félicitations à la lauréate.

Vous m’autoriserez, Excellences, à remettre solennellement son prix à l’intéressée, à la fin de mon propos, en signe de notre hommage commun à la créativité africaine.

Et comme pour couronner le tout, on ne peut passer sous silence la récente inscription de la Rumba congolaise sur la liste des éléments du patrimoine immatériel mondial, de même que celle du Thiéboudiène, irrésistible plat sénégalais aux riches couleurs, senteurs et saveurs.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Faire taire les armes sur notre continent demeure un impératif vital.

Mais il nous faut réellement passer de la parole à l’acte. Il est grand temps de consolider l’Architecture africaine de la paix et de la sécurité et d’assurer l’opérationnalisation générale et totale de la Force Africaine en Attente (FAA). Il est impérieux d’arriver à mettre en place un véritable Etat-major intégré, comme le préconisait déjà Kwamé Nkrumah, l’un des illustres pères fondateurs de notre Organisation panafricaine.

Dès le début de mon mandat, j’ai eu à relancer la dynamique des négociations tripartites entre la République d’Egypte, la République Démocratique Fédérale d’Ethiopie et la République du Soudan, pour rechercher une solution constructive et durable autour du différend autour du Grand Barrage éthiopien de la renaissance, dans la perspective d’un processus gagnant-gagnant, respectueux des intérêts respectifs et mutuels de ces pays frères.

Par ailleurs, dans des situations de guerre et de conflits aigus qui ne cessent de menacer la paix sur le continent, les femmes et les enfants figurent parmi les grandes victimes, notamment du fait des viols et des violences sexuelles basées sur le genre catalogue. Face à ce fléau, des concertations de femmes provenant de toutes les régions du continent ont été organisées à Kinshasa, de même que des formations des femmes médiatrices de la paix.

De même s’est tenue à Kinshasa en novembre 2021, une Conférence des Hommes sur la Masculinité positive, en présence de 8 Chefs d’État et de Gouvernement, et de plusieurs autres participants, y compris le Président de la Commission, en présentiel et en virtuel. Cette Conférence marque un véritable tournant avec l’adoption de « la Déclaration de Kinshasa et l’Appel à l’action des Chefs d’État de l’Union Africaine sur la Masculinité positive dans le leadership pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles (VFFF) ».

Des conférences se sont également tenues à Kinshasa, avec des témoignages poignants des femmes victimes des viols et violences sexuelles. Elles en appellent à la création des fonds au bénéfice des victimes. La nécessité de la masculinité positive a conduit également à l’organisation à Kinshasa d’une grande conférence sur l’égalité des sexes.

Aussi, cette mandature aura-t-elle tenu à encourager tous les pays africains au lancement officiel et effectif de la campagne Tolérance Zéro immédiate contre les crimes de violences sexuelles et violences basées sur le Genre.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Face à la multiplication des actes d’accession au pouvoir par des voies non constitutionnelles, il convient de rappeler avec insistance que l’Acte constitutif de l’UA, en son article 4, condamne et rejette les changements anticonstitutionnels de gouvernement.

Cependant, après plusieurs décennies d’une mise en œuvre devenue tourmentée, il devient impératif de réfléchir et d’évaluer les principes, règles et mécanismes de notre Déclaration adoptée à Lomé en 2000 sur les changements anticonstitutionnels des pouvoirs.

Il nous faut en particulier songer à une meilleure harmonisation des approches de nos Communautés économiques régionales (CER) et leur synergie avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, ainsi que de la Commission.

De même, il convient de renforcer et d’intérioriser les instruments continentaux et régionaux de la bonne gouvernance tels que la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Ils sont autant de moyens de prévention des violences de toutes sortes.

Dans ce contexte de la bonne gouvernance, la RDC a non seulement adhéré mais aussi encouragé les pays membres qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le cercle vertueux du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP).

Il nous faut également poursuivre les réformes institutionnelles et financières. Il convient notamment de procéder au renforcement du rôle du Parlement africain, assurer l’effectivité de la Cour africaine de Justice et des Droits de l’Homme, ainsi que l’élargissement du droit d’initiative décisionnelle de la Commission.

La question de la maltraitance des personnes vivant avec l’albinisme et du respect de leurs droits les plus fondamentaux interpelle la conscience et l’humanité agissante de chacun de nos États d’une part et des instances compétentes de l’UA d’autre part. C’est dans ce cadre que Kinshasa a accueilli en octobre 2021 le premier colloque panafricain de sensibilisation sur l’albinisme.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Investir dans le développement durable et équitable dans le contexte post Covid, revient à parier sur la capacité de l’Afrique à fabriquer des produits innovants, en sciences, en technologie, en économie numérique, en économie verte, etc.

Ils sont prêts, nos jeunes, à se positionner comme acteurs incontournables dans tous les secteurs de la mondialisation et de la globalisation, notamment par l’accès aux crédits jeunes et la multiplication des parcs industriels dédiés aux start up. Il est donc indispensable d’accorder un appui conséquent au Fonds Africain de la Jeunesse et au développement de l’Académie des Jeunes Agents du changement.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

L’impulsion de l’Agenda 2063 s’est également accélérée au cours de l’année 2021 par le démarrage effectif de la ZLECAf au mois de janvier. Dans ce cadre, nous nous sommes rendus à Accra au Ghana en juillet 2021 pour l’inauguration du siège du Secrétariat Permanent de notre Zone de Libre-Échange et échanger sur la coordination des stratégies d’accélération de sa mise en œuvre. C’est dans la même optique que se situe l’objectif primordial d’accélération de la construction du Grand Barrage d’Inga comme vecteur d’intégration régionale, d’industrialisation et de renaissance africaine.

En ce qui concerne les défis existentiels du changement climatique qui menacent l’avenir de l’humanité et même de l’espèce humaine, l’Afrique qui possède le deuxième poumon du monde, par le bassin du Congo, est prête à offrir des solutions de survie collective à l’Humanité, mais à la condition que le monde accepte d’en payer aussi le prix.

Tel est entre autres le message que j’ai eu à porter. Je me suis efforcé, en effet à développer, dans ma fonction de représentant et porte-parole de notre Organisation, avec l’appui de l’ensemble du Bureau de la Conférence et du Président de la Commission, une diplomatie de présence active, de l’accroissement de la visibilité et de la promotion des intérêts légitimes de l’Afrique, au sein de plusieurs enceintes internationales et dans les rencontres avec nos partenaires stratégiques.

À cet égard, permettez-moi de souligner que les relations du continent avec ses partenaires extérieurs devraient toujours répondre à certaines exigences essentielles, à savoir : préserver le respect mutuel et éviter les ingérences intempestives dans les affaires intérieures de nos États, avec parfois comme corolaires des sanctions injustes imposées contre certains de nos États, par exemple contre la République de Zimbabwe. Je souhaite la levée de ces sanctions dont les effets pervers sont nocifs à l’économie et au bien-être de ce peuple frère.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Avant de clore mes propos, je voudrais encore une fois remercier l’Afrique, remercier notre Auguste Assemblée pour la confiance placée dans mon pays.

Soyez-en assurés : à travers cette mandature la RDC a pleinement repris conscience de sa vocation historique de creuset de l’union et de l’unité africaine. Le Congo entend continuer à assumer ce rôle sans désemparer.

Je souhaite plein succès à mon successeur, mon frère Macky Sall, Président de la République du Sénégal.

Que Dieu bénisse et protège l’Afrique !

Mungu Amibariki !

Many thanks,

Shukrane,

Muito obrigado,

Muchas gracias,

Aksante !

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