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A HAUTE VOIX

Incivisme collectif

Le sinistre de Matadi Kibala, la semaine dernière, a servi d’exutoire à tous les apprentis politiciens. Sans réserve, ils se sont épanchés au micro des radios et des télévisions, dans les réseaux sociaux et dans la presse écrite. Leurs discours ont condamné « l’irresponsabilité » du gouvernement. Les uns ont soutenu que l’accident était « évitable », alors que les autres promettaient d’interpeller des ministres et la Snél à la prochaine rentrée parlementaire.

L’émotion, pour tout expliquer, avait gagné tous les étages, y compris la diaspora. Au détriment hélas ! de la raison. La rue et les temples ont également entendu des « hommes de Dieu » imputer aux esprits la responsabilité de la catastrophe. Dans sa quête du parfait coupable, sorte de bouc émissaire, tout Kinshasa politique avait trouvé ses criminels : le gouvernement et le chef de l’État.

Après la tempête, posons-nous des questions intelligentes. Quel Congolais, gouvernant ou gouverné, a demandé à la foudre de sectionner le fameux câble ? De quel pouvoir un député disposerait-il pour orienter la chute d’un câble accidentellement arraché à son pylône ? Que fallait-il pratiquement faire pour éviter un accident « évitable », aux dires des uns ?

Observons que les piques contre le régime confortent l’avertissement de l’Américain Ezra Loomis Pound (1885-1972) : « Vous pouvez voir le mauvais critique à ce qu’il commence par parler du poète et non du poème ». Le problème est là.

Dans le cas de Matadi Kibala, un patriote critiquerait l’incivisme collectif des Congolais. Il leur brandirait la loi interdisant, sous peine d’amende ou d’emprisonnement, de construire sous les lignes Snél ou sur ses emprises. Or, la réalité est que les propriétaires de flats et d’immeubles défient les câbles haute tension, s’ils ne violent pas les emprises Snél. Ils ont encouragé les marchés pirates. À qui, demain, la faute ?

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