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FOCUS

RDC-Elections 2023 : Le FCC se radicalise et bloque la machine

Les députés nationaux membres du Front commun pour le Congo (FCC), fidèles à Joseph Kabila, continuent de bouder la plénière de ce mercredi 20 avril, consacrée au débat sur la loi électorale. Ils exigent, au préalable, qu’un consensus soit trouvé autour du processus électoral, mais en dehors des institutions. Idée que le speaker de la Chambre basse du Parlement, Christophe Mboso a formellement rejetée, le jeudi 14 avril, lors de la plénière ayant lancé le débat sur la révision de la loi électorale.

Au fait, Mboso a dit oui à la révision, mais au sein de l’Assemblée nationale. Le bureau de la Chambre basse du Parlement n’a pas de compétences d’organiser un débat en dehors de cette institution.

Jusqu’alors, le délai de grâce accordé aux élus nationaux FCC pour revenir aux meilleurs sentiments et réintégrer l’assemblée plénière pour poursuivre le débat autour de la loi électorale n’a pas réussi à infléchir la position de ces élus fidèles à Joseph Kabila.

Selon le député FCC André Ntambwe, les députés de la famille politique de Joseph Kabila n’entendent pas participer à une plénière qui a pour ordre du jour le débat sur la loi électorale.

Après leur sortie de l’hémicycle, ces élus conditionnent leur retour à la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de la Cour constitutionnelle. Par ailleurs, ils souhaitent la tenue des discussions sur les principales réformes à entreprendre, mais en dehors des institutions.

Par expérience, quand le politique congolais parle de dialogue avant la tenue d’élections, c’est généralement pour le partage du pouvoir entre protagonistes.

En tout état de cause, le député FCC Ntambwe est d’avis qu’« il n’existe plus d’Assemblée nationale au vrai sens du mot. Il n’existe qu’une assemblée d’adeptes de l’Union sacrée majoritairement, devenue caisse de résonance du pouvoir, où il n’y a plus de débat démocratique. Par conséquent, il faut sortir de ce carcan pour que nous puissions avoir un débat d’idées, la confrontation des idées qui doit amener au pays et le développement, et la paix, et la quiétude tant attendus par le peuple ».

Pour cet élu du peuple, si la plénière de ce mercredi 20 avril est convoquée autour de la loi électorale, dans les conditions actuelles, les députés FCC ne pourront pas y participer.

Dans ces conditions, ils feront comprendre au peuple que « quand il y a eu un opposant au pouvoir, il n’y a pas eu élection, il y a des nominations ».

Mais que font ces députés si leur voie n’est pas écoutée malgré tout ? André Ntambwe est tranchant : « Il n’y a aucun pouvoir qui soit plus fort que le peuple ».

Entretemps, au FCC, on se dit déjà prêt à démontrer à ce pouvoir que la population est de son côté et que cette dernière ne veut plus d’élections chaotiques.

Et M. Ntambwe de lancer cette interpellation : « Ils sont arrivés au pouvoir par la paix, ils doivent accepter de quitter le pouvoir par la paix. Qu’ils ne nous amènent pas à des situations de crise sociale ».

Précisions de l’USN

La réaction des députés nationaux USN ne s’est pas fait attendre. Dans une déclaration lue, le samedi 16 avril au Palais du peuple, par Matadi Nenga, les députés membres de l’Union sacrée de la Nation (USN) disent avoir suivi, non sans surprise, la déclaration de leurs collègues membres du Front commun pour le Congo (FCC) sur le processus électoral dans le pays.

A travers cette déclaration, font-ils observer, le FCC refuse de participer au débat et à l’adoption de la loi électorale.

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Cette famille politique, poursuivent les députés USN, exige un dialogue en dehors du Parlement, lequel ne vise que la non- tenue d’élections dans le délai constitutionnel et le partage du pouvoir, sans le concours du peuple.

A ce sujet, les députés de l’Union sacrée de la Nation apportent à l’opinion tant nationale qu’internationale quelques précisions : Au fait, cette plateforme électorale dit s’inscrire dans le schéma constitutionnel et ne peut compromettre les valeurs démocratiques pour lesquelles elle s’est battue et s’est séparée du FCC et auxquelles elle demeure fermement attachée. Pour ce faire, elle réaffirme l’engagement ainsi que la détermination du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, maintes fois réitérée, à l’organisation de meilleures élections que le pays n’a jamais connues en trois cycles, c’est-à-dire des élections crédibles, inclusives, transparentes et apaisées, et  ce, conformément aux lois pertinentes et aux bonnes pratiques en la matière.

Il y a lieu, poursuivent les députés membres USN, de relever que la loi électorale actuellement en vigueur est un héritage du FCC seul, alors que la proposition de sa modification en discussion à l’Assemblée nationale n’est pas l’œuvre de l’Union sacrée de la Nation, mais plutôt celle de l’opposition à l’époque où FCC et CACH étaient en coalition.

En effet, l’attitude actuelle du FCC est malhonnête et vise à tromper l’opinion sur les motivations cachées, constatent les députés USN. Avant de faire savoir que le bureau de l’Assemblée nationale a apporté au calendrier de la session de mars 2022, la discussion relative à la proposition de loi électorale, lequel calendrier a été adopté par la conférence des présidents dont ceux du FCC, avant que la plénière ne puisse également l’adopter.

Le FCC pris à son propre jeu

Il convient de rappeler que le président de l’Assemblée nationale avait indiqué, lors de la plénière du jeudi 14 avril 2022 consacrée à la présentation de la proposition de loi de modification de la loi électorale, qu’il suspendait le débat pour un délai d’une semaine. Cela, pour permettre des discussions entre les groupes parlementaires de la majorité et ceux de l’opposition afin d’aboutir au consensus autour des dispositions qui le requièrent.

Le speaker de la Chambre basse du Parlement avait également ouvert la porte aux contributions de toutes les forces vives de la République, en demandant à ceux qui le veulent de déposer au secrétariat de son cabinet leurs documents. Ceci étant, il est hors de question que la loi électorale soit discutée en dehors du Parlement.

Eu égard à ce qui précède, les élus de l’Union sacrée de la Nation prennent le peuple à témoin sur l’attitude antidémocratique du FCC qui, à proprement parler, tend à bloquer le processus électoral et pérenniser la culture du glissement et des dialogues de partage du pouvoir.

Aussi appellent-ils le FCC au respect des principes démocratiques et lui rappellent sa responsabilité historique sur les dérives auxquelles on peut conduire sa stratégie de blocage des institutions.

A tout prendre, les députés FCC sont pris à leur propre jeu et vont porter le chapeau du glissement et du blocage des institutions. Durant les 18 ans du règne Kabila, les choses étaient ainsi faites, sans considération aucune pour l’opposition, moins encore pour le peuple au nom duquel ils parlent aujourd’hui.

En 2011, l’UDPS n’a pas pris part au processus électoral, mais cela n’a pas empêché le pouvoir Kabila d’organiser des élections qu’il a gagné haut la main. Même quand la population criait, assiégeait les abords du Parlement, organisait des manifestations qui se soldaient généralement par un bain de sang, le régime Kabila s’en foutait éperdument de ce peuple que les députés FCC entendent curieusement mobiliser aujourd’hui.

Heureusement que chacun parle pour le peuple, mais quand il sait qu’il est très loin de ce peuple qu’il a affamé durant tout son mandat.

Toutefois, les prochains jours promettent d’être fertiles en rebondissements.

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