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A HAUTE VOIX

Le démon de la licence

Théorie à géométrie variable. Un journaliste est-il autorisé, au nom de la liberté de la presse, d’insulter autrui ou les autorités de l’État ? Faut-il accorder l’impunité à un journaliste qui, par son discours, ses écrits ou ses images, viole le code de déontologie et d’éthique professionnelle ?
La Journée internationale de la liberté de la presse a donné à réentendre les revendications des journalistes et des organisations de défense de cette liberté. Pour leur part, les officiels sont montés à la tribune pour dénoncer certains dérapages médiatiques. On se souviendra longtemps de piques ci-après.
Premier à dégainer, le ministre de la Communication et des Médias. Tranchant avec sa réserve habituelle, il a écorché les moutons noirs. La liberté de la presse ’’ne peut s’exercer qu’avec une presse réellement libre, professionnelle, respectueuse des règles déontologiques, des lois, des bonnes mœurs, de la vie privée et de l’ordre public’’.
Sortant des généralités, Patrick Muyaya a explosé : ’’Je voudrais ici dénoncer avec la dernière énergie les dérapages constatés il y a quelques jours avec des attaques systématiques et des propos frisant l’injure à l’endroit du président de la République’’.
Plus virulent, Tito Ndombi, président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, a assené des coups là où ils doivent faire mal. ’’On a l’impression que certains journalistes montent sur le plateau [TV] en sortant d’une beuverie trop chargée en alcool de mauvaise qualité’’, dit-il agacé.
Voilà la presse discréditée par l’abus de la liberté de la presse. On dirait que le démon de la licence est plus fort que l’ange de la liberté. Au fait, pourquoi tient-on à protéger un journaliste délinquant mais s’acharner sur un citoyen lambda soupçonné d’insulte à autrui ? La liberté de la presse n’invite-t-elle pas les ONG à formater les journalistes pour leur éviter des procès ?

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