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INTERNATIONAL

Législatives françaises 2022 : la gauche unie et le camp Macron au coude-à-coude

Près de deux mois après la réélection d’Emmanuel Macron, le groupe Ensemble, composé de La République en marche (LREM), du Mouvement Démocrate (MoDem), d’Horizons et d’Agir, ressort gagnant du premier tour dans un mouchoir de poche. Il a récolté 25,75% des suffrages en totalisant 5 857 558 voix. La gauche, c’est-à-dire la France insoumise (LFI), le Parti communiste français (PCF), le Parti socialiste (PS) et l’Europe Écologie Les Verts ( EELV) rassemblée sous la bannière Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) se classe en seconde position avec 25,66% des suffrages soit 5 836 116 voix.

Emmanuel Macron a appelé son camp à « l’humilité » au regard des résultats du premier tour. « Ces résultats sont à mettre en perspective compte tenu du niveau de participation », a-t-il affirmé. Il est déterminé à rassembler largement pour qu’Ensemble arrive en tête dans plus des circonscriptions. Ce qui permettra la clarification.

Pour Jean-Luc Mélenchon, « C’est un bonheur absolu quand l’idée devient une force matérielle. On y arrive, j’avance, gentiment ». L’Insoumis savoure : il a trouvé une formule magique – « Elisez-moi Premier ministre »- aussi absurde constitutionnellement que réussie médiatiquement.
Les deux camps ont une semaine pour mobiliser les abstentionnistes, 52,49% des électeurs ayant décidé de bouder les urnes au premier tour, plus qu’en 2017 (51,3 %).

Le camp Macron garde donc l’avantage dans les projections des 577 sièges de députés, avec une fourchette de 258 à 298 sièges, devant la Nupes (170 à 220), selon les instituts de sondage.

Ensemble ! espère conserver la majorité absolue, fixée à 289 députés, ce qui lui permettrait d’éviter de composer avec d’autres groupes pour faire adopter les textes de l’exécutif, à commencer par l’emblématique réforme des retraites qui doit entrer en application dans un an, selon la promesse de M. Macron.

Mais jusqu’où ira le tassement pour la majorité sortante, alors qu’en 2017, LREM et Modem avaient raflé plus de 32 % au premier tour avant d’obtenir près de 350 députés au second. « Nous sommes la seule force politique en mesure d’obtenir une majorité forte et claire », a affirmé la Première ministre Elisabeth Borne.

« La majorité est loin d’être acquise (…) C’est un très sérieux avertissement qui est adressé à Emmanuel Macron », a toutefois estimé Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France.
Mélenchon appelle au déferlement
Symbole des difficultés de la macronie, deux ex-ministres, Jean-Michel Blanquer et Emmanuelle Wargon, ont été éliminés dès le premier tour. La ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Amélie de Montchalin, est en ballottage défavorable dans sa circonscription de l’Essonne, tout comme le ministre des Affaires européennes, Clément Beaune à Paris.
Elisabeth Borne est, elle, en meilleure posture dans le Calvados avec 34,32 % des voix et affrontera le candidat de la Nupes au second tour.
En cas de défaite pour l’un des 15 ministres engagés, la démission sera inéluctable, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron.
« La vérité est que le parti présidentiel est battu et défait », a lancé l’Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé le « peuple » à « déferler dimanche prochain » dans les isoloirs.
L’enjeu est de tenter de trouver les réserves de voix suffisantes pour envoyer, comme ils le souhaitent, le leader insoumis à Matignon et tenter d’imposer à Emmanuel Macron un gouvernement de cohabitation, comme la gauche plurielle y était parvenue en 1997 avec Lionel Jospin.
Alors que Jean-Luc Mélenchon avait exhorté les Français à faire de ces élections un « troisième tour » de la présidentielle, la gauche (Nupes) devrait quoiqu’il arrive être le principal bloc d’opposition au Palais-Bourbon. Une forme de victoire, fruit de l’accord d’unité arraché.
La République en marche (LREM) a indiqué qu’elle ne donnerait pas de consigne nationale mais « au cas par cas » dans les circonscriptions où s’opposent des candidats du Rassemblement national (RN) et de la Nouvelle union populaire écologique et sociale RN (Nupes), jugeant que certains candidats de la gauche unie étaient des « extrêmes ». Un choix jugé « scandaleux » par l’écologiste Yannick Jadot.

Le rassemblement national troisième, Zemmour éliminé

Comme prévu, les candidats du Rassemblement national (18,68 %), ce qui représente 4 248 597 bulletins de vote, n’ont pas réussi à capitaliser sur la dynamique de Marine Le Pen qui avait engrangé à la présidentielle plus de 40 % des voix au second tour. Cantonné à huit élus en 2017, le contingent de députés RN devrait cependant être nettement plus étoffé cette fois, et compter encore dans ses rangs Marine Le Pen, donnée largement en tête dans sa circonscription du Pas-de-Calais (53,96 %).

Depuis son fief d’Hénin-Beaumont, celle-ci a exhorté les électeurs à « envoyer un groupe très important de députés patriotes dans la nouvelle Assemblée nationale ».

En cas de duel entre Ensemble et la Nupes, Marine Le Pen a incité ses partisans à « ne pas choisir ». « La France n’est ni une salle de marché ni une ZAD », a-t-elle tonné.

Les résultats du RN au premier tour offrent un second souffle financier au parti et actent sa progression. Mais doivent encore se confirmer au second tour.

A l’inverse, dans le sillage de la lourde chute de sa candidate Valérie Pécresse à la présidentielle, Les Républicains (LR), avec 2 370 882 voix et 10,42% des suffrages, devraient perdre leur place de premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

Les Républicains vont compter leurs survivants parmi la centaine de sortants, en espérant tirer au maximum profit de leur ancrage local. Mais d’ores et déjà plusieurs figures ont été battues dimanche, comme Julien Aubert, Gilles Platret ou Guillaume Larrivé.

De son côté, Eric Zemmour, qui fut l’un des animateurs de la présidentielle, a raté son atterrissage en politique. Le polémiste d’extrême droite a été éliminé dans le Var, tout comme les autres ambassadeurs de son parti Reconquête !, Guillaume Peltier dans le Loir-et-Cher et Stanislas Rigault dans le Vaucluse. « Les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes, mais nous venons de poser un drapeau dans chaque circonscription », a commenté Éric Zemmour depuis Cogolin (Var), en appelant à « se battre » contre les « 50 nuances de gauchisme » en France.

Cinq ans après le tsunami Macron, la prime au gagnant est donc restée relative. Mais le spectre d’une cohabitation s’est profondément éloigné. Tout comme l’hypothèse d’un Jean-Luc Mélenchon Premier ministre. Certes, la majorité présidentielle est en recul, beaucoup de ses candidats sortants ont été battus dimanche soir, mais le report de voix devrait lui permettre de rester majoritaire. En revanche, la majorité présidentielle n’est pas sûre d’avoir les mains libres. Réponse dimanche 19 juin à 20 h.

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