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A HAUTE VOIX

Un double sentiment

Une étudiante se dit « interloquée par la fébrilité » (sic) observée dans les sphères gouvernementales à l’occasion de la restitution de « la dent » de P.E. Lumumba par la Belgique. Elle dit redouter que « ce tralala » n’occasionne de grosses dépenses au détriment des urgences sociales de la population.

Quelle serait l’attitude d’un parent ou d’un aîné face à ce reproche ? Le meilleur acte à faire serait de soumettre les jeunes à l’éducation à la citoyenneté et au décryptage de notre propre histoire. Ce faisant, nous nous inscririons dans la vision de Lumumba : « … montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté ».

Servons-nous alors du contexte, très propice, qui voit l’ancienne métropole restituer à son ancienne colonie, 61 ans après le martyre, la relique du héros national. L’arrivée de cette relique est comparable à une résurrection. À coup sûr, l’évènement intéresse tous les peuples du monde.

Endossons, ensuite, le devoir d’apprendre aux jeunes générations la personnalité du tout premier Premier ministre de la République. Évoquons la stature internationale d’un grand commis de l’État qui n’aura siégé en ses bureaux de Kalina (actuel Gombe) que de juin à septembre 1960 ! Il avait 35 ans.

Démontrons aux jeunes que le faste de la cérémonie d’hommage s’adresse à l’esprit de l’illustre supplicié. Rappelons-leur que, dans toutes les Églises, les croyants vénèrent leurs saints ou héros à travers leurs vestiges : un corps, un fragment de corps ou un objet leur ayant appartenu. À cette relique est moralement attaché le plus grand prix d’autant qu’elle représente l’esprit d’un témoin cher.

Répétons aux jeunes que la relique de P.E. Lumumba porte en elle l’âme et l’esprit de Lumumba. C’est pour cette raison métaphysique et civique que les Congolais ressentent aujourd’hui un double sentiment : le bonheur de pouvoir, enfin, clore le deuil et l’occasion d’installer au Panthéon un héros immortel.

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