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ECONOMIE

CINAT : Une cabale contre le contrat d’amodiation entre l’État congolais et la firme indienne Diamond Cement

La Cimenterie nationale (CINAT) a connu une existence douloureuse depuis 1974, alors que le régime du Maréchal Mobutu reprenait les rênes de cette entreprise dirigée jusque-là par les Allemands de la firme Kclokhner, chargée de l’étude de faisabilité et du choix des équipements. Cette descente aux enfers a été souvent amplifiée par l’irresponsabilité et l’amateurisme de certaines autorités.

Les premières traces de son malheur se font sentir à sa création. En effet, dépourvue des équipements adéquats de carrière ainsi que d’un fond de roulement lui permettant d’acquérir, sur fonds propres, les intrants nécessaires à son exploitation, l’entreprise va être livrée à la merci des banques qui vont lui faire des crédits à des taux exorbitants pour se fournir les intrants qui sont à 90% importés et, dont le prototype unique au monde du four lui livré par le fabriquant accentue la consommation.

Les coûts excessifs d’importation des intrants, l’augmentation des intérêts bancaires élevés combinés à une parafiscalité exagérée, vont réduire toute chance de compétitivité à cette jeune entreprise obligée de faire face à l’arrogance de la concurrence à elle imposée par le géant qui, autrefois, avait le monopole du marché du ciment de la partie Ouest du pays, de la République du Congo Brazzaville et de la République Centrafricaine.

En moins de dix ans de sa naissance, les signes d’essoufflement se sont manifestés, obligeant le gouvernement congolais à injecter des capitaux frais à deux reprises à cette entreprise qui ne dépassera jamais une moyenne annuelle de production de 20 milles tonnes, sur les 300.000 de sa capacité installée.

Descente aux enfers de la CINAT

En dépit de cette double intervention financière de l’État, la situation de l’entreprise va de mal en pis. Les conditions qui favorisaient le recours à l’appui bancaire, en dépit de ses taux élevés, étaient devenues de plus en plus difficiles. L’État qui avait déjà vu augmenter, à 92%, ses participations à la suite de ces deux interventions, ne pouvait plus s’intéresser à l’achat des parts minoritaires, d’autant plus que la valeur de ces parts ne pouvait aider à faire face aux besoins de l’entreprise dont l’outil de production commençait aussi à accuser quelques faiblesses au niveau de certaines sections notamment, l’ensachage et l’impossibilité d’ouvrir une nouvelle carrière du fait de manque des engins appropriés.

Cette aggravation de la situation financière et technique a coïncidé avec le départ en sourdine, de tout le management expatrié que les accords entre l’Etat congolais et la firme Klochner avaient placé à la tête de l’entreprise.

En 1992, le dernier Directeur commercial et financier de Klochner avait proposé la liquidation de l’entreprise comme étant l’unique alternative possible pour éviter son enlisement. Malheureusement, le gouvernement ne l’a pas compris. C’est ainsi qu’il abandonne son poste, un schéma qui sera suivi par le dernier expatrié resté à l’usine en 1994.

En 1993, un effort de maintien de l’usine, en entendant l’ouverture du capital, a été amorcé avec la signature d’un contrat programme avec le Conseil supérieur du Portefeuille. Ce, grâce à un crédit fournisseur signé avec un sujet indien. Ce contrat-programme avait redonné de l’espoir aux travailleurs. C’est ainsi qu’en 1994 et 1995, un planning de réhabilitation et d’acquisition chiffré à 14 millions de dollars avait été amorcé et exécuté à la satisfaction des travailleurs qui ont vu leur social s’améliorer durant cette période.

Cependant, la joie n’aura été que de courte durée. Car, l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), en 1997, avait compromis le contrat crédit fournisseur d’acquisition du principal intrant (Fuel Oil). Une restructuration politicienne de la structure managériale a été imposée, en créant des postes de commandements inappropriés et occupés par des proches du pouvoir dont le seul mérite était la politisation de l’entreprise et la manipulation des travailleurs.

C’est le début d’une longue période d’incertitude et de bataille de leadership pour un positionnement politique. La survie de l’entreprise devient alors le dernier souci et, sans surprise, la CINAT s’effondre à nouveau jusqu’à son arrêt définitif en 2011.
En 2018, pendant la campagne électorale, la direction générale de cette entreprise et la notabilité de Kimpese, ont présenté la situation macabre de la CINAT à Félix Tshisekedi, alors candidat président de la République. « Un endettement excessif, un personnel impayé, un outil de production obsolète », voilà le tableau sombre de la CINAT présenté à celui qui deviendra président de la République. Ce dernier a inscrit la relance de la CINAT une promesse de campagne.

C’est ainsi qu’à sa prise de pouvoir, en décembre 2018, le Chef de l’État demandera à son épouse, Denise Nyakeru en visite au Kongo Central, de s’informer davantage de la situation de cette entreprise. Ensuite, il y dépêchera son Premier ministre qui confirmera la volonté du président de la République de résoudre le problème de la CINAT à travers le ministère du Portefeuille. La ministre d’Etat, ministre du Portefeuille a prêté une oreille attentive à toutes les doléances des agents et des chefs coutumiers, recevant les dizaines d’offres même les plus fantaisistes qui dénotent des prétentions parfois illusoires sur la réhabilitation de cette cimenterie nationale.

C’est à l’issue de cet exercice que, finalement, un contrat d’amodiation redonnant un double espoir à la communauté de Songololo a été signé en date du 7 mai 2022. Ce, avec le concours technique des ministres de l’Industrie et des Mines.
Ce nouveau contrat présente des atouts sur les plans technique et social et effets induits.

a) Sur le plan technique :

Modernisation de l’outil de production de manière à rendre les installations compétitives ; Maintenance suivie des entretiens pour remettre à l’Etat Congolais un outil de production viable à la fin du contrat ; Acquérir des équipements de carrières permettant la découverture des autres carrières restées inexploitées à ce jour soit 4 sur Cinq.

b) Sur le plan social :

  • Paiement d’une avance, équivalente à 10 mois de salaire pour la majorité des classifiés, sur les arriérés des salaires de 12 ans ansi que sur la pension des retraités ; Recrutement progressif des agents actifs en tenant compte de leur âge ainsi que de leur habilité à la remise à niveau des compétences ; Mise en place d’un cahier des charges de développement communautaire.

c) Sur le plan des effets induits

La remise en exploitation des installations de la CINAT va entraîner le démarrage des activités de l’entreprise Ciment du Congo (CICO) qui appartient au même groupe que DIAMOND, ouvrant ainsi des opportunités d’emplois et économiques énormes pour le territoire de Songololo, en particulier, et de la province du Kongo Central, en général.

Concurrence déloyale ?

Ce succès est rendu possible grâce à la vision du président de la République, Félix Tshisekedi, mise en œuvre par le gouvernement des « Warriors » que dirige le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde. Ce qui ne peut jouir les réseaux mafieux qui ont fait de l’arrêt des activités de la CINAT leur fonds de commerce auprès de certaines firmes concurrentes, prêtes à débourser des fonds pour maintenir la CINAT dans le coma.

Ainsi, surpris par la signature de ce contrat de type nouveau entre l’État congolais et la firme Diamond Cement, les lobbies mafieux du secteur, redoutant déjà la rude concurrence qui s’annonce sur le marché du ciment gris, se liguent avec certaines personnalités politiques en mal de positionnement, pour instrumentaliser les agents de la CINAT. Tout porte à croire que, c’est la qualité incontestée du calcaire que contiennent les 5 carrières de la CINAT et l’emplacement de ses installations par rapport aux voies d’évacuation qui font peur. Mais aussi, le sérieux que DIAMOND met dans l’exécution de ses engagements. En l’occurrence, la qualité des travaux effectués en seulement deux mois de la signature du contrat.

Cette « association des malfaiteurs » est appuyée par certains anciens mandataires et chefs des terres qui ont spolié la concession de la CINAT. Ils ont tenté de fomenter des troubles, menaçant la sécurité de la cité de Kimpese pour les mettre sur le dos du contrat. Le schéma monté serait de pousser les agents, à qui il avait été demandé de rester chez eux en attendant la fin des travaux d’assainissement des lieux et de réhabilitation des machines, à retourner à l’usine alors que 12 ans durant, beaucoup de ces agents n’y mettaient même plus les pieds.

Mais, ce plan macabre a été déjoué par la Providence divine. Cette cabale aurait exposé des innocents qui n’ont eu comme malheur que de contribuer au bonheur de leurs semblables, à être livrés en pâture à la méchanceté humaine.

En effet, quelle autre intention conduirait des personnes censées à réclamer aux agents de reprendre le travail dans l’immédiat, alors que les conditions ayant motivé l’arrêt de ce travail pendant 12 ans demeurent ? Comment ces fossoyeurs peuvent-ils demander à un investisseur qui n’a pas encore mis en marche l’outil de production de payer des salaires à des personnes qui n’ont pas encore produit l’argent nécessaire pour couvrir ces salaires ?

« Atteinte » à la vision du chef de l’État

Sans une analyse approfondie de cette situation, le Parlement provincial se lance dans la danse, en dépêchant sur place une commission parlementaire de 4 députés provinciaux accompagnés de 25 « experts » pour une mission de 5 jours, afin de juguler un prétendu conflit professionnel créé par le contrat.

Et comme si cela ne suffisait pas, un autre politicien candidat malheureux aux élections de gouverneur, celui-là même qui aurait promis des tonnes de ciment de l’ex-CINAT au président de l’Assemblée provinciale et qui se croit propriétaire de cette entreprise avec laquelle il aurait eu des accords que son incapacité financière ne lui a pas permis d’honorer, va manifester son banditisme nauséabond, en obtenant une exécution cavalière d’un jugement obtenu dans le noir au tribunal de Matete, dans un semblant de procès intenté contre la CINAT et l’État congolais. Ridicule !

En outre, pendant que la ministre d’État du Portefeuille recevait le partenaire pour une évaluation des avancées du contrat à trois mois de sa signature, l’incivique attitré a dépêché un bataillon des éléments de l’armée et de la police occuper les installations en pleine réhabilitation, chassant les techniciens, les travailleurs engagés aux travaux de réhabilitation des bâtiments et des équipements ainsi que les éléments affectés à la sécurité des lieux. Ceux qui se demandent pourquoi le pays est dans la situation chaotique qui le caractérise actuellement et pourquoi une réticence des investisseurs à venir au pays, ont là une réponse très éloquente.

Lorsqu’on assiste à un tel comportement manifesté par un prétendu notable de la province, il est facile aussi de comprendre pourquoi la CINAT est restée dans l’oubli pendant si longtemps. Lorsque cet acte ignoble est en plus posé par un prétendant au poste de gouverneur de province, un seul mot peut mieux définir ces agissements : sabotage.

Il veut saboter l’action du chef de l’État qui a fait sourde oreille à ses flatteries et trafic d’influence, d’une part, et d’autre part, il veut que le mandat du gouverneur élu à sa place soit marqué par un malaise social dans la cité de Kimpese.

Par-dessus tout, le gouvernement de la République est appelé à prendre les dispositions qui s’imposent afin de déceler et décourager ce réseau mafieux, leurs animateurs et leurs complices politiques. Affaire à suivre.

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