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CINQ QUESTIONS

Cinq questions à Jacques Dromwa (*)

1. Comment réagissez-vous à la double sortie médiatique de Jean-Marc Kabund et de Franck Diongo?

Nous estimons que cela est une conséquence logique d’un bon positionnement en vue de prochaines élections. Si pour M. Kabund, il s’agit d’un ras-le bol qui fait suite à la vive réaction qui a suivi la descente punitive de la Garde républicaine dans sa résidence à Kingabwa, l’on peut considérer au finish que M. Kabund a profité de l’occasion pour éviter d’être associé à la mauvaise gouvernance du régime actuel. Cependant, on constate qu’il y a aussi pris part sans la moindre dénonciation de sa part. D’aucuns peuvent le taxer de complice dans ce que les Congolais appellent quasiment la saga UDPS.
S’agissant de M. Diongo, nous estimons qu’il s’agit d’une expression de frustration due au manque de retour d’ascenseur de la part du régime qui l’a soutenu.

2.Pensez-vous qu’il ne s’agit là que de l’expression d’une frustration ?

En politique, il n’y a que des intérêts qui sont éternels. M. Franck Diongo en a fait sienne cette maxime. Il faut noter qu’au-delà des frustrations exprimées, il y a quand même certaines vérités que ce dernier a déballées.

3.Au regard de ce qui précède, ne reconnaissez-vous pas que sous le régime de l’actuel chef de l’Etat, il y a plus de liberté d’expression qu’avant ?

La liberté d’expression est quasiment garantie au même niveau que le régime précédent, à la seule différence qu’actuellement, quiconque critique ouvertement le président de la République risque de faire la prison au fallacieux motif d’outrage au chef de l’Etat ou à la première dame de la République. Nous pensons que ce point constitue un frein à la liberté d’expression.

4. Qu’elle lecture faites-vous de la situation sécuritaire dans l’Est de la République ?

Nous constatons que la partie orientale de la RD Congo est en proie à une insécurité indescriptible depuis plusieurs décennies. Actuellement, plusieurs tentatives de résorber cette insécurité par des négociations avec des groupes armés visiblement instrumentalisés se sont soldées par un fiasco. Pire, c’était une occasion pour l’infiltration de l’armée congolaise. C’est pour cette raison que l’Organisation des Nations unies (ONU) avait résolu d’envoyer environ 20 mille Casques bleus, espérant rétablir la paix dans l’Est de notre pays. Mais, force est de constater qu’après 20 ans de la présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDCongo (Monusco), l’insécurité perdure dans cette partie du pays. Entretemps, il y a changement de régime en RDC. Grand était l’espoir placé en ce régime par la population pour le rétablissement de la paix dans cette partie orientale de la RDC. Mais hélas, après 4 ans d’exercice du pouvoir, le constat est amère. L’insécurité a encore de beaux jours devant lui. Cela, en dépit de certaines mesures prises, telles que l’état d’urgence, l’état de siège, etc. Que de mesures sans planification aucune. A présent, on nous parle des accords dans le cadre de l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est) pour l’envoi d’une autre force de maintien de la paix, alors qu’au même moment, nous avons déjà sur le terrain la Monusco, la force kenyanne et la mutualisation des forces armées congolaises avec celles de l’Ouganda. A ce stade, nous estimons que le déploiement de cette force militaire régionale en est de trop. Seules les forces armées congolaises mieux structurées, réformées et motivées sont capables d’imposer la paix dans la partie Est de la RDC.

5.Avec cette guerre dans l’Est de la RDC et la tension qui est en train de monter d’un cran dans notre arène politique, pensez-vous que les élections seront organisées en 2023 ?

Les élections sont impératives. Quiconque oserait à travers des manœuvres dilatoires et politiciennes les reporter aura la population sur son dos. La légitimité des institutions en dépend.


(*) Analyste politique

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