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FOCUS

Évasions en séries : la sécurité des maisons carcérales en cause

Des présumés miliciens Maï-Maï, non encore identifiés, ont, dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 août, attaqué la prison centrale de Butembo-Kakwangura, au quartier Bel Air, dans la commune de Bulamba, au Nord-Kivu. De cette attaque armée, plus de 874 détenus à la prison centrale de Butembo-Kakwangura se sont évadés de cette maison carcérale.

Selon les premières informations recueillies sur place, l’attaque de ce groupe armé a occasionné une évasion massive et spectaculaire des détenus dans cette maison carcérale. Tôt le matin du mercredi 10 août, l’on pouvait voir les autorités sécuritaires aux côtés des habitants de Butembo se rendre sur les lieux pour constater le dégât.

La même information est confirmée par le porte-parole militaire des opérations Sokola1, secteur Grand Nord, le capitaine Antony Mwalushayi, qui a indiqué que deux policiers ont été tués lors de l’intervention des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) qui ont maîtrisé 3 évadés.

« Le premier bilan encore provisoire fait état de la mort de deux policiers commis à la garde de la prison et d’un combattant Maï-Maï, du nom de Kaserekavyeka, neutralisé. Son arme et un colis contenant 90 munitions ont été récupérés par les militaires venus en renfort. Quelques détenus de cette prison centrale de Butembo se sont évadés et la cellule de détention des femmes a été brûlée avant l’arrivée du renfort », a indiqué Anthony Mwalushayi

Cependant, la Société civile-forces vives, coordination urbaine de Butembo, a attribué  cette attaque aux rebelles ougandais ADF (Forces démocratiques alliées). À en croire cette source, munis d’armes lourdes, ces rebelles ougandais escortaient les 874 prisonniers qu’ils avaient réussi à faire évader vers une destination inconnue.

« Nous déplorons cette situation, mais nous ne comprenons pas comment les rebelles ADF, disposant de cet arsenal militaire, entrer sans être inquiétés dans la ville. Ils étaient plus de 100 éléments et munis d’armes lourdes. Ces rebelles ont brûlé la cellule des femmes et ont aussi détruit tous les matériels dans la prison et emmené plus de 874 évadés qu’ils ont escortés vers une destination inconnue jusqu’à présent », a confié Mathe Sanane de la structure citoyenne.

Pour le moment, les enquêtes sont en cours pour retrouver ces évadés et les services de sécurité invitent la population à dénoncer tout mouvement suspect.

Il convient de relever que cette évasion spectaculaire a eu lieu dans une province sous état de siège depuis plus d’une année. C’est curieux !

Savoir anticiper

Que dire de cette évasion qui ne fait qu’allonger une longue série ?  Des études et autres rapports des experts l’ont toujours dénoncé. Depuis quelque temps, on enregistre de nombreux cas d’évasions des détenus dans les différentes maisons carcérales disséminées à travers le pays. Les conditions de détention dans les prisons de la République démocratique du Congo sont déplorables. La vétusté des établissements pénitentiaires et la carence de nourriture sont parmi les raisons à la base des évasions enregistrées ces derniers mois.

Comment expliquer cette situation devenue monnaie courante en RDC ? Que faire pour mettre un terme à toutes ces évasions ? Ces questions et tant d’autres méritent d’être posées au regard de la multiplicité de cas sur le terrain.

Il suffit de faire la ronde des prisons de la RDC pour se rendre compte des conditions dans lesquelles vivent les détenus. De manière générale, les établissements pénitentiaires du pays présentent une image désolante. Parmi les caractéristiques communes des prisons congolaises figurent le délabrement très avancé des infrastructures, la surpopulation, le manque d’hygiène, la rareté de nourriture, la carence de soins de santé, etc. Dans un tel environnement, les prisonniers préfèrent s’évader au lieu de s’exposer aux maladies ou à la mort précoce et latente. Surtout qu’ils assistent impuissants aux cas de décès de leurs collègues.

Dans le cadre de la réforme de la justice, la construction de nouvelles prisons et la mise sur pied d’une politique efficace dans ce secteur sont parmi des atouts non négligeables, capables de changer l’image actuelle que présentent les établissements pénitentiaires en RDC. De la sorte, éradiquera-t-on ces multiples évasions qui ne font qu’entretenir l’insécurité, avec des ex-détenus qui reviennent régler des comptes à leurs accusateurs.

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