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FOCUS

Armement et équipements militaires : la RDC veut s’affranchir du « joug » de l’ONU

Lentement mais sûrement, la République démocratique du Congo veut se doter d’une industrie de défense ; une manière responsable de s’affranchir de cet embargo qui se dresse en obstacle à la restructuration de son armée. C’est dans cette optique que le gouvernement congolais a adopté, lors de la 71ème réunion du Conseil des ministres tenue, le vendredi 30 septembre 2022, un projet de création d’une joint-venture portant production d’armement et équipements militaires pour des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Selon le ministre de la Défense nationale et Anciens combattants, Gilbert Kabanda, « ce projet permettra à la Défense, à travers notamment ses Services Afridex et Dépôt Pharmaceutique Central, de développer une intense activité de production d’armement, d’équipements et de production médico-pharmaceutique pour les Forces armées de la République démocratique du Congo ».

Bien auparavant, Gilbert Kabanda avait expliqué aux membres du conseil le bien-fondé de ce projet de joint-venture entre AFRIDEX (Ministère de la Défense), la Société Greenmendic Sarl et le laboratoire Centre de Recherche en Phytothérapie, Pharmacopée Africaine et Technologie Pharmaceutique (CREPPAT) et le projet des Statuts de la Société issue de la joint-venture dénommée Congo Development Priority (CODEP).

Les grandes options et principes politiques, stratégiques et militaires

À en croire le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, cela fait suite à l’adoption, le 9 septembre 2022, du Document de Politique de Défense de la République dont l’un des piliers majeurs est l’autonomisation logistique du système de défense par la mise en place d’une industrie de défense.

Ce document reprend, avait noté le ministre de la Défense, les grandes options et principes politiques, stratégiques et militaires en vue d’assurer la Défense de la République démocratique du Congo. Il établit aussi le pilier majeur sur lesquels sera ensuite définit et bâtit le tronc organisationnel et fonctionnel des Forces armées de la République démocratique du Congo.

L’adoption de ce projet de contrat de joint-venture intervient après que le gouvernement avait adopté la loi sur la programmation militaire 2022-2025.

La loi de programmation militaire est une loi financière pluriannuelle qui fixe les échéances des crédits de paiement relatifs aux dépenses d’équipements et de développement des Forces armées.

Elle définit dans le cadre des lois budgétaires la tranche du budget réservée au développement, à l’équipement des Forces armées. Aussi, cette loi détermine les séquences et le rythme des opérations ou des achats à effectuer pour atteindre les objectifs précis des Forces armées.

La RDC sous régime d’embargo sur les armes depuis le 28 juillet 2003

Sous régime d’embargo sur les armes depuis le 28 juillet 2003 au terme de la résolution 1493 (point 20) de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kinshasa est placé dans des conditions telles qu’il ne peut se procurer d’armement et ainsi renouveler ses équipements militaires, alors que le pays vit une insécurité qui dure depuis plus de deux décennies, dans sa partie orientale, notamment, du fait de l’activisme de plusieurs groupes rebelles locaux et étrangers.

Cette insécurité est aujourd’hui exacerbée par la récente agression d’une partie du Nord-Kivu par l’armée rwandaise, sous couvert du groupe terroriste Mouvement du 23 Mars (M23)

Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté, à sa 4797è séance, la résolution 1493 sur l’embargo des armes en RDC, soit une année après la signature, à Sun City en Afrique du Sud, de l’Accord global et inclusif.

Il est dit dans ce texte que les milices et groupes armés locaux et étrangers opérant dans l’Est du pays étaient les principales cibles de cette résolution.

Seulement voilà, dix-neuf ans après, les groupes armés continuent de se procurer des armes, avec la complicité avec certaines multinationales et certains pays voisins.

Intervenant du haut de la tribune de la 77è session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, Félix-Antoine Tshisekedi, en sa triple casquette de chef de l’Etat congolais, président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et président en exercice de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a vigoureusement dénoncé l’agression de son pays par son voisin, le Rwanda, sous couvert du mouvement rebelle M23.

Félix Tshiesekedi a démontré l’implication du Rwanda dans l’occupation du plusieurs localités du Nord-Kivu et sa responsabilité dans la tragédie que vivent les populations de l’Est du pays.

Aussi a-t-il sollicité que soit distribué aux membres de Conseil de Sécurité le dernier rapport des experts de l’ONU sur la situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC, afin d’en tirer toutes les conséquences. Au-delà, le chef de l’Etat a plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes qui pèse son pays, la RDC.

« À cet effet, il est nécessaire de lever tout obstacle à la restructuration par la RDC de ses Forces armées et à la montée en puissance de celles-ci pour mieux remplir ses missions régaliennes, notamment par la levée pure et simple de toutes les mesures restrictives de l’acquisition des équipements militaires, quelle qu’en soit la forme édictée par le Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il formulé devant la Conseil de sécurité.

1 commentaire

Georges 3 avril 2023 at 1h12

Il faudrait préciser que 1) l’embargo a été totalement levé par l’ONU en décembre 2022 et 2) que seuls les groupes armés étaient soumis à cet embargo. Il est donc faux d’écrire que l’embargo plaçait Kinshasa « dans des conditions telles qu’il ne peut se procurer d’armement et ainsi renouveler ses équipements militaires ». Pour être complet, on pourrait ajouter que le principal « violateur » de cet embargo était les FARDC, qui procurent environ 80 % des armes et munitions utilisées par les groupes armés, congolais et étrangers, semant la terreur dans l’Est.
D’autre part, il serait intéressant d’expliquer comment deux firmes pharmaceutiques vont contribuer à la production d’armes en RDC.

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