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Élections anticipées : Fayulu décrète un sit-in permanent

Après 5 mois d’absence au pays, Martin Fayulu et Adolphe Muzito sont de retour à Kinshasa. Mais le temps de confinement passé à l’étranger n’a rien changé à celui que ses militants qualifient de « soldat du peuple ». Aussitôt arrivé, dans un meeting, samedi 22 août, à la Place Sainte Thérèse de N’Djili, Fayulu a taclé la coalition FCC – CACH au pouvoir. Il en a ainsi appelé à des réformes sur la loi électorale avant les élections anticipées. Il menace de mobiliser le peuple pour un sit-in de plusieurs jours au Palais du peuple si ses revendications ne sont pas prises en compte.

Retour triomphal, samedi 22 août, pour Martin Fayulu et Adolphe Muzito, les deux leaders de LAMUKA rentrés à Kinshasa, après avoir passé cinq mois à l’extérieur du pays, suite à la pandémie de coronavirus.

Dès le matin de ce samedi-là, sous un ciel clément, plusieurs militants de LAMUKA se sont ébranlés vers l’aéroport international de N’Djili où ils ont accueilli ces deux personnalités, malgré l’impressionnant dispositif sécuritaire mis en place par la Police nationale congolaise pour éviter les débordements.

Dans la foulée, Fayulu a tenu un meeting, à la Place Sainte Thérèse, dans la commune de N’Djili. Devant des milliers de partisans, celui qui se présente toujours comme le « vainqueur » de la dernière présidentielle n’a pas manqué de critiquer la gestion du président Tshisekedi et de tacler la coalition FCC-CACH au pouvoir. Mais il a surtout insisté sur ses principales revendications, à savoir les réformes institutionnelles (loi électorale) et les élections anticipées.

Une menace à peine voilée

Devant la foule immense réunie à la Place Ste Thérèse, Martin Fayulu a également menacé de mobiliser la population pour un sit-in géant au Palais du peuple si ces revendications ne sont pas prises en compte.

« Soyez prêts. Si rien n’est fait, nous irons au Palais du peuple. Ça sera notre maison. Nous allons nous installer là-bas. Nous allons demander à nos frères de la diaspora de se cotiser pour que personne ne manque à manger pendant ce sit-in (…). Je suis un combattant et un soldat du peuple. Je ne combats que le bon combat », a-t-il déclaré.

« Je suis parti en France, en Angleterre, aux USA. J’ai été dans les plus grandes universités. J’ai dit qu’il faut des élections anticipées et avant cela, il faut des réformes institutionnelles », a-t-il ajouté comme pour expliquer ses missions à l’extérieur du pays.

Avant d’ajouter : « Pas seulement la loi électorale. Il faut toutes les réformes : la loi électorale, la CENI, etc. Nous voulons la réforme de la gouvernance. Nous n’allons pas laisser les gens continuer à détourner de l’argent du peuple. Le dossier de 15 millions USD des pétroliers, le dossier 100 jours, etc. ».

À ce propos d’ailleurs, le président de l’ECiDé a dénoncé un réseau maffieux bien organisé. Pour Martin Fayulu, c’est plus de 400 millions USD qui ont disparu dans le programme de 100 jours de Félix Tshisekedi et non 66 millions USD. À l’en croire, ce procès (de Vital Kamerhe) n’a pas livré toute la vérité au peuple congolais.

« L’argent disparu dans le programme de 100 jours n’est pas 66 millions de dollars. Il s’agit de plus 400 millions de dollars qui ont disparu. Les gens qui coordonnaient ce programme ont touché chacun 5%, ce qui équivaut à plus de 22 millions de dollars. Ils doivent remettre cet argent à la République », a-t-il dit.

Dans un autre registre, Fayulu a apporté le soutien de Lamuka au Dr Mukwege qui subit ces derniers temps des menaces de mort.

« Denis Mukwege parle pour le pays. Il fait un grand travail… Il dénonce le mal. Il demande au monde de s’intéresser aux problèmes de la RDC. Aujourd’hui, ils veulent le tuer. Est-ce que vous allez cautionner cela? ». Et d’ajouter : « Nous allons tous être derrière Denis Mukwege, notre Prix Nobel. Nous n’avons pas peur et nous n’allons pas avoir peur ».

Dévoilant son programme pour les prochains jours, il a déclaré devant une foule acquise à sa cause : « Notre agenda actuel est de mener des réformes et aller à des élections anticipées. La crise est bien là, rien ne va au sein de leur coalition où chacun veut avoir sa Cour constitutionnelle, chacun veut avoir sa commission électorale pour frauder ».

 Faisant allusion à la situation du Mali, Martin Fayulu a promis que le mot d’ordre sera donné pour descendre dans les rues afin de réclamer le droit.

« Je suis venu vous dire d’être prêts, la véritable tempête arrive. Le mot d’ordre sera donné si rien n’est fait par nos amis du FCC-CACH qui tentent de bloquer le pays. Je suis contre la situation politique du Mali, mais je vous demande de vous mobiliser », a-t-il par ailleurs lancé à ses militants.

Il est également revenu sur le débat autour des réformes institutionnelles. « Tout le monde a un projet : le groupe de 13, Bahati et les autres ont formulé des recommandations, mais ces idées viennent après les propositions que j’ai faites dans le plan de sortie de crise que j’ai présenté », a-t-il martelé.

JP Bemba, le grand absent

« J’ai été content de votre mobilisation derrière Jean-Pierre Bemba. Vous avez suivi le mot d’ordre (…). Je suis revenu pour aller de l’avant, pour que ces propositions montent. Je mets en garde ceux qui voudront commettre des conneries », a-t-il menacé.

Le président du MLC n’a pas fait le déplacement de l’aéroport, ni de la Place Sainte Thérèse pour accueillir ses deux collègues membres du staff dirigeant de Lamuka, alors que Fayulu a salué la marche organisée dernièrement par Jean-Pierre Bemba contre la candidature de Ronsard Malonda à la tête de la Ceni.

Pour d’aucuns, cette absence remarquable cache un malaise au sein de cette plateforme politique de l’opposition, où les membres ne parleraient plus le même langage depuis un temps. Les jours à venir s’annoncent donc riches en rebondissements.

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