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FORUM

Céni : Sus aux confessions « païennes »

Le forum initié par le Pr Bob Kabamba de l’Université de Liège ne pouvait pas réussir pour deux raisons principales. D’abord, celle du caractère extraverti de la démarche : beaucoup ont fustigé l’ingérence de l’extérieur dans une affaire purement interne à la RDC. Ensuite, le manque de vision politique des organisateurs.

En effet c’est une grave erreur de tenir ce genre d’assises dans un endroit aussi suspect (pour la coalition au pouvoir) que le Centre interdiocésain de Kinshasa, bastion des activités de la Cénco, l’un des contestataires de la candidature de M. Malonda, d’une part, et partisan des réformes électorales préalables, d’autre part. Un lieu neutre pouvait avoir la chance de l’inclusivité.

Notre modeste contribution veut montrer que l’un des blocages de la situation tient au caractère peu religieux des confessions justement chargées de désigner le président de cette institution. Mais, auparavant, parlons de la mauvaise compréhension de la loi par ces confessions.

En leur confiant la responsabilité de choisir le principal animateur de la centrale électorale, le législateur présumait de l’innocence de cette composante de la société civile, c’est-à-dire d’impartialité, une attitude différente de celle des politiciens.

Sans Malonda, pas de chance pour les FCC

Tel n’est cependant pas le cas parce que chez nous, contrairement à ce qui se passe ailleurs, la société civile n’est ni innocente ni indépendante. C’est la société civile de telle ou telle tendance politique. Certaines églises portent ouvertement cet habit mondain de la politique, à défaut de servir de « maisons de Dieu », de refuges des déshérités sociaux et victimes des injustices. Le choix de Malonda, proche des FCC, s’est avéré malheureux.

Continuateur idéal de l’œuvre de Corneille Nangaa, il a été vu comme la caution de la victoire en 2023 du camp de l’ancien président de la République. Si elles étaient animées du souci de faire œuvre impartiale, les confessions religieuses, en union des cœurs et des prières, auraient dû mieux jauger cette candidature, en vidant leurs divergences avant de courir déposer au bureau de l’Assemblée nationale le PV non formellement validé par tous.

Le fait que Jeanine Mabunda en ait fait son affaire et que Joseph Kabila ne jure que par ce nom, est la preuve que, sans Malonda, héritier de Nangaa, les FCC n’ont aucune chance de gagner la bataille de 2023. Ce que les autres composantes savent aussi. Voilà pourquoi elles sont déterminées à barrer la route à ce nouveau formatage illégitime de la victoire.

Confessions religieuses : non des officines de sainteté

La leçon des élections passées, notamment celles de 2018, aurait dû guider l’action et la conduite des confessions religieuses, lesquelles doivent montrer qu’elles peuvent faire mieux que les partis politiques. La seule manière est (était) de respecter un vade-mecum strict axé sur des critères impartiaux de désignation du président de la Céni : un homme neutre, à la moralité publique et à l’intégrité intellectuelle éprouvées, difficilement corruptible en raison de sa forte personnalité. Première exigence interne.

Deuxième paramètre de travail. Avoir la modestie de se convaincre que les confessions religieuses ne sont pas des officines de sainteté. Cela implique la compréhension de la loi, au sens que le candidat président de la Céni ne doit pas nécessairement être membre fiché ou du service de leurs églises respectives.

Les textes confient à la composante simplement la responsabilité du choix d’un Congolais (ou d’une congolaise) jugé capable d’être réellement une église au milieu du village, au lieu de servir de caution politique, tribale ou géopolitique de la victoire d’un camp.

Or, nos « princes » des églises nous livrent un spectacle qui pousse les non-croyants à s’estimer plus justes et plus crédibles. Que font-ils de leur charisme spirituel présumé et de la soi-disant puissance de leurs prières ? Au lieu d’étaler leurs divergences sur la place publique, ils devraient pousser les Congolais à leur faire confiance en tant que possibles héros d’une cause noble, sauveurs et pacificateurs de la Nation.

De la bonne herbe mais aussi de l’ivraie

Ce qui se passe actuellement, par exemple au sein de la « plateforme socio-politique » des Églises de Réveil du Congo (ÉRC) est la démonstration qu’il n’y a rien de bon qui peut, a priori, sortir des confessions prétendument religieuses où il y a de la bonne herbe mais aussi de l’ivraie. À cause du cas Malonda, le Révérend Sonny Kafuta Rockman dévoile sa véritable tendance politique en menaçant la Cénco et l’ÉCC. Celles-ci se défendent. Le même Sony, désavoué par ses pairs de l’ÉRC pour non-respect des textes qui régissent leur organisation et pour tenue des propos désobligeants envers les autres, perd patience et éventre le boa. L’évêque Kankenza Mwana Mbo, nommément cité, contre-attaque.

Boulet contre boulet. Epée contre épée. On apprend ainsi que le vote de Ronsard Malonda était en réalité une affaire d’argent, de tribalisme, de géopolitique, en tous cas de toute autre chose que d’amour fraternel, d’amour du pays et de la crainte de Dieu. On devrait également conclure en soutenant la thèse des réformes électorales, en tous cas avant le rendez-vous de 2023.

En effet, les confessions religieuses n’ont pas l’apanage de l’indépendance et de l’innocence. Des critères différents d’impartialité devraient désormais être édictés, du moins provisoirement, pour éviter le glissement des échéances électorales de 2023. Le choix d’un homme mûr, honnête, sans coloration tribale ou géopolitique mais réellement une église au milieu du village, s’impose à la tête de la Céni.

Biyonda Makiese

Étudiant en Théologie (CP)

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