« La nature elle-même ne vous enseigne t’elle pas ? » dirait l’Apôtre Paul. Des consultations du Président, deux résultats sont attendus : Ou il s’assumera pour rencontrer les attentes populaires, ou il décevra sous les pressions diverses en prononçant un discours sans saveur pour la consommation citoyenne.
Guéguerres interminables au sein des institutions. Un aîné me demandait il y a quelques jours quel serait l’objet d’attraction pour un Parlementaire le poussant à quitter le FCC. Je considérais alors les différents éléments du champ de bataille : Si la plupart des âmes ont un prix, le FCC a plus d’argent que n’importe quel autre groupement. Les poursuites judiciaires ? Ils sont immunisés sauf en cas de flagrance. La dissolution du Parlement tant souhaitée, elle requiert trop des conditionnalités constitutionnelles. Le referendum lui, devrait passer par le Parlement. Exclus dans ces cas de figure sont la démission du Président lui-même, la démission invraisemblable du Premier Ministre et tout autre manœuvre en dehors des prescrits constitutionnels.
Je me rendais compte dès lors de la magnitude de la difficulté dans laquelle le Président se serait placée en prononçant le discours de 7 minutes. Le FCC avait pris soin de bien barricader le système en effet et il ne semblait comporter aucune brèche.
Or de l’autre côté, la lune de miel étant finie depuis belle lurette, le peuple attend des actions du dernier espoir. « Fatshi, ou ça passe, ou ça casse », dirait-il. Le Président joue probablement sa dernière carte. Ou il prendra son courage à deux mains pour s’en découdre une fois pour toute avec le FCC sinon, il se fera vomir par la majorité de la population.
Ainsi dans mon recours aux solutions de la nature j’observais le peuple nomade du désert de Kalahari appelé « Bushmen », à la recherche de l’eau. Pour leur survie, ils recueillent les eaux des cactus, des puits et des oasis. Et lorsque cette denrée se fait rare, ils se référent aux singes pour des solutions, oui aux singes.
Ces derniers savent toujours où trouver de l’eau mais ne se prouvent jamais pressés de partager leur secret. Déchiffrer leur code demande de la force et de la ruse. Il s’agit d’attirer le singe vers l’appât des items brillants placés dans le creux d’un rocher. Ceux-ci y placent éventuellement leurs mains pour s’en procurer. Seulement voilà, le poing fermé dans le creux, ils ne sont plus capables de retirer leur bras. Il suffirait de lâcher les friandises pour savoir retirer la main, mais ils ne le font pas, bien entendu. L’appât du gain dépasse leur intelligence.
Ainsi attrapé. Les Bushmen attachent une liane au cou du singe et lui servent du sel, rien que du sel pendant deux jours pour attiser sa soif. Imaginez où va le singe dès qu’il est relâché ! Il se dirige tout droit vers la source d’eau et le Bushman qui court après lui découvre ainsi la source de survie qui lui avait été cachée. Deux astuces, force et ruse aident les Bushmen ! Personne des deux ne pourra épuiser cette eau.
Bien que la famille politique et parfois biologique de l’Autorité morale du FCC, il faudrait l’avouer, se soit souvent retrouvée face à des accusations qui les font passibles d’être entendus en justice, presque tout ce qui fait mal portant leur signature (Go Pass, Bukanga Lonzo, Passeports, Charniers, etc.) il reste difficile pour les outsiders de savoir évaluer leur capacité de réponse par rapport à la force. C’est peut-être la raison pour laquelle nous avons assisté au Ping-pong politique de ces deux dernières années. Avec 2500 troupes en sa disposition, les capacités de nuire du Sénateur à vie ne sont pas des moindres. Ce qui fait que la force ne soit pas nécessairement la meilleure option dans ce challenge. Une des preuves tangibles de cet aspect des choses pourrait se retrouver dans la lenteur de l’exécution de certains dossiers par le Procureur General de la République. D’aucuns pensent que les intouchables, ça existe toujours.
De l’observation des Bushmen, il ne resterait peut-être que la ruse dans la gibecière de Fatshi. Une chose réunit finalement la majorité des natifs de la RDC : c’est leur corde ombilicale encore attachée à cette terre. A la mangeoire ou non, à un moment donné la majorité des Congolais a besoin de voir ce pays avancer. Si Fatshi aura un atout sur lequel il devra compter, ce sera donc le patriotisme des Congolais, même parmi ceux là qui semblent être confortables.
Et Fatshi semblait l’avoir compris en le disant dans les 7 minutes. Et c’est ici la réponse à la question de mon aîné. Les Parlementaires qui se joindront à la cause du Président Tshisekedi ne le feront que par patriotisme. Bien que nombreux aient été considérés comme vilains par le passé, si pas par leur conscience mais au moins leur subconscient les oblige à ouvrir la route qui mène vers les eaux douces pour qu’enfin la paix et la prospérité devienne finalement le partage des fils du Congo.
Pour ce faire, le discours du Président devra démontrer de la direction claire et de la détermination effective pour le changement. Le souci du Congolais ne portait guère sur la personne qui prendrait les rennes du pays mais plutôt sur le changement. Le Congolais ne voulait plus de Joseph Kabila clairement sanctionné par l’échec ostentatoire de son dauphin aux élections, ni de son ombre. Offrir la continuité de l’ombre de Kabila n’est point une option sur l’échiquier.
La population attend après ce discours, de voir des signaux positifs et réellement promoteurs de changement. Et l’appui de l’alliance politique de l’Union Sacrée de la Nation demande également d’être clarifiée. Soutiendront-ils Félix Tshisekedi pour le rendre extrêmement fort (dictateur) en lui permettant d’user de tout ce qu’il voudra et créer un autre problème pour eux-mêmes ou le joindront-ils pour libérer ensemble le système ? Le FCC bloque ce fut une bonne campagne pour un moment ; même en Occident quand le Gouvernement ne s’en sort pas il trouve des moyens de diversion similaires : « il y a trop d’immigration ; les immigrés prennent vos jobs, etc. » Cependant, chacun dans sa démarche considérera aussi l’avenir de sa future carrière politique et en aura les exigences pour garde-fous.
Les nombreux faux pas n’auront pu échapper de l’observation du commun des mortels soient-ils dans le non respect des accords que dans le strict respect de la constitution et des lois de la République. Lorsque le Gouvernement Ilunkamba entre en fonction, il trouve un budget déjà érodé par le détournement du projet des 100 jours, la gratuité scolaire qui absorbe une grande partie du budget en imprévus, le paiement des salaires exorbitants des officiels de l’Etat soient-ils de la Présidence avec des conseillers presqu’innombrables parmi lesquels plus de 100 sont rémunérés comme des Ministres, des agences parallèles et budgétivores crées intempestivement, etc.
« Qui veut aller loin, prépare sa monture » dit la langue de Molière. Puisque les Kabilistes paraissent une race bientôt à même de disparaitre de la scène politique, il ne restera malheureusement aucun autre bouc émissaire. Il faudra de la performance et les premières mesures que le Président annoncera démontreront sa bonne volonté de faire avancer les choses sinon simplement, le commencement d’une des pires supercheries de l’histoire de la République. L’Etat véritable, le bien-être commun et plus jamais l’attitude des singes du Kalahari. Voici ce dont le peuple a besoin. Et en cette occasion qui sera probablement la dernière pour Tshisekedi, quel sera la voie choisie par FATSHI ? L’avenir nous le dira.
Patou Nsiona
Analyste