C’est, aujourd’hui, le 8 mars. Comme le veut la tradition, les médias du pays se sont mobilisés plus tôt, pour sensibiliser l’opinion publique autour des enjeux de la Journée internationale de la femme. Le constat est que les opinions dominantes diffusées reflètent davantage les ambitions politiques des femmes diplômées. Comme si la politique était «le» tremplin pour promouvoir le Genre ! Il est triste d’observer que même les médias dits sociaux ont occulté les paysannes, ces braves nourricières des villes.
D’après l’Annuaire de l’Institut national de la statistique (INS, 2015), la population congolaise est estimée à 85 millions dont 43 de femmes (51%) et 42 d’hommes. De ces données, la population urbaine représente 30,4% avec une très forte concentration à Kinshasa. Soustraction faite, 69,6% de Congolais vivent en milieux ruraux.
Voilà : ces 69,6% correspondent à plus de 59 millions d’habitants, soit 30 millions de femmes défavorisées. Ce sont elles que les ONG spécialistes du Genre n’incluent pas dans leurs programmes. Or, sans inclusivité, toute prétention à défendre la femme serait immorale, car discriminatoire.
La commémoration de la Journée du 8 mars aurait plus d’impact si ses concepteurs prenaient en compte les femmes paysannes, ’’une majorité silencieuse’’ au sein de la population féminine d’Afrique. Autrement, focaliser tous les programmes sur les citadines, qui ont plus d’une corde à leur arc pour s’épanouir, c’est vouer la majorité paysanne à la déshérence.
Il est urgent d’abolir cet apartheid en leur proposant des projets spécifiques en matières, notamment, d’alphabétisation, d’initiation aux petits métiers générateurs de revenus, d’épargne et de crédit, d’allègement des corvées agricoles, d’accès aux semences et bétail améliorés ainsi qu’à l’eau de forage et à l’énergie solaire. Voilà le vrai plaidoyer en faveur de la paysanne.
Le Potentiel