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SOCIETE

Décès du cardinal Monsengwo : la RDC perd l’un de ses acteurs majeurs de la démocratisation

L’archevêque émérite de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, s’est éteint dimanche 11 juillet 2021, à l’âge de 81 ans, à Versailles, en France. L’annonce a été faite par le cardinal Fridolin Ambongo, son successeur au siège épiscopal de Kinshasa: «j’ai la profonde douleur d’annoncer à la communauté chrétienne catholique et à toutes les personnes de bonne volonté le décès du cardinal Laurent Monsengwo », a-t-il écrit sur Twitter. Bien que son état de santé se fût détérioré depuis la semaine dernière, l’annonce du décès du Cardinal a transpercé les cœurs des Congolais comme un glaive. Des messages fusent de partout pour saluer la mémoire de celui qui aura joué un rôle important pour l’avènement de la démocratie dans ce pays. Mosengwo avait marqué l’ex-Zaïre par sa direction drastique de la Conférence nationale souveraine. Pour le président de la République, « le Cardinal Monsengwo fut l’un des acteurs majeurs de la démocratisation de notre pays ». Le peuple de Dieu pleure son prophète.

La triste nouvelle est tombée. Elle a plongé l’Église catholique du Congo-Kinshasa dans l’émoi. Le cardinal émérite, Laurent Mosengwo Pasinya, est décédé dimanche à Paris en France. L’annonce de la disparition du cardinal Laurent Monsengwo a été reçue comme un choc, bien qu’on le sache malade. Son état de santé s’était aggravé au début du mois de juillet, au point qu’il avait dû être transféré d’urgence à Paris.

Mgr Ambongo salue son engagement

Dans un entretien accordé à Vatican News, son successeur au siège épiscopal de Kinshasa salue un homme qui a consacré sa vie à la construction «d’un monde plus juste». Pour le Cardinal Ambongo, l’Église en République Démocratique du Congo vient de perdre « un homme d’envergure internationale ».

« Je crois que le cardinal Laurent a été véritablement un homme de Dieu, un homme qui croit en Dieu et qui croit en l’homme, en la valeur de la personne humaine. Tout au long de sa vie il s’est donné pour le relèvement de ses frères à travers une évangélisation intégrale, mais aussi à travers ce combat pour un monde plus juste, un monde de plus fraternel », a déclaré l’archevêque de Kinshasa.

C’est aussi une perte pour les fidèles desquels il a toujours été proche, même en tant qu’archevêque émérite…Il a toujours gardé un très bon rapport, aussi bien au niveau de l’église qu’au niveau de la société. Il a joué un rôle jusqu’à la dégradation de son état de santé il y a une semaine. Il était avec nous à l’assemblée des évêques au mois de juin. Il a passé toute la semaine avec nous.

Le cardinal Ambongo estime que pour notre communauté, c’est un vide qu’on ne va pas combler maintenant… « En recevant cette triste nouvelle, aujourd’hui, nous avons tous le sentiment d’avoir perdu quelque chose de précieux qu’il faudra du temps pour combler », a-t-il regretté.

Quel message laisse-t-il pour le pays et pour l’Église ?

Je crois que la personnalité du cardinal Laurent, c’est d’abord ce combat qui vient de l’implication de sa foi en Dieu. Il croit en Dieu et il est convaincu que tu ne peux pas croire en Dieu sans en même temps croire à la personne humaine, à sa dignité. Et de lui on retiendra que si tu prétends être un homme de foi en Jésus-Christ, un homme religieux, tu dois aussi prendre très au sérieux le sort de tes frères et sœurs. T’oublier toi-même et donner tout ce qui est en ton pouvoir pour que tes frères puissent vivre dignes.

Les mots « forts » de Félix Tshisekedi !

La disparition du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya n’a pas laissé indifférent le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.  « Le Chef de l’État a appris avec tristesse le décès, ce dimanche, du Cardinal Émérite Laurent Monsengwo. Il exprime sa douleur et toute sa compassion à l’endroit de l’Eglise Catholique et de la famille biologique de l’illustre disparu », souligne la presse présidentielle.

Et de poursuivre « le président Tshisekedi rend un vibrant hommage à ce Prince de l’Église qui œuvra longtemps au service du peuple ». Pour Fatshi, le Cardinal Monsengwo fut l’un des acteurs majeurs de la démocratisation de notre pays.

Les condoléances de Joseph Kabila

Outre le chef de l’État, différentes personnalités reconnaissent en l’illustre disparu un homme intègre qui a tout donné pour son pays.

Joseph Kabila, président de la République honoraire a saisi cette occasion pour présenter ses condoléances au Cardinal Fridolin Ambongo et à tous les fidèles catholiques.

« Joseph Kabila présente ses condoléances au Cardinal Ambongo, à tous les fidèles catholiques de la RDC ainsi qu’à la famille biologique de Monseigneur Laurent Monsengwo. Il implore que DIEU miséricordieux puisse l’accueillir dans son Royaume », a dit Raymond Tshibanda, proche collaborateur du sénateur à vie.

Le prélat et son parcours

Né en 1939, ordonné prêtre en 1963, puis évêque en février 1980 par le Pape Jean-Paul II, le cardinal a occupé diverses fonctions, notamment celles d’évêque auxiliaire d’Inongo, évêque auxiliaire de Kisangani, archevêque de Kisangani et archevêque de Kinshasa. Il aussi été le président du SCEAM, le symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar.

Le cardinal congolais, qui a été membre du Conseil des cardinaux chargés de conseiller le Pape François -dont il était proche-, a été élevé au rang de cardinal le 20 novembre 2010 par Benoît XVI. Il avait quitté le Conseil des cardinaux en octobre 2018, un mois avant de prendre sa retraite en tant qu’ordinaire local de Kinshasa.

Le cardinal Monsengwo est un théologien bibliste. Il est d’ailleurs le premier Africain à avoir obtenu un doctorat en Écriture Sainte à l’Institut biblique pontifical de Rome.

Un homme engagé pour sa patrie

Le pasteur, connu pour sa liberté de parole et sa franchise, n’a pas hésité à jouer un rôle politique de premier plan dans son pays. Récemment encore, le 2 janvier 2018, il avait prononcé un discours sans concession pour fustiger la dure répression d’une manifestation de catholiques par le régime Kabila. «Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD-Congo», avait tonné l’archevêque émérite de Kinshasa, marquant ainsi le début du combat acharné de l’Église du Congo contre un troisième mandat de Joseph Kabila. Un combat dont elle est sortie vainqueur puisqu’il y a eu une alternance politique de fait.

Dans les prochains jours, la dépouille du cardinal sera ramenée dans la capitale congolaise. Les évêques doivent se réunir pour l’organisation de ses obsèques et définir une date. Le cardinal Laurent Monsengwo sera enterré dans la cathédrale de Kinshasa.

Rich Ngapi

 

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