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APOSTROPHE

Casier vierge

Enquête virtuelle au QG de la Police judiciaire des parquets (PJP), situé non loin du majestueux fleuve Congo, à Kinshasa-Gombe. C’est ici que se délivre, à temps et à contretemps, le précieux document appelé «Extrait du casier judiciaire», censé attester, sur le plan administratif, de la moralité des individus candidats à certaines fonctions, ou à l’obtention de certaines distinctions honorifiques.

Expérience d’un Congolais : «Tous les récipiendaires du casier judiciaire sont absolument assurés d’obtenir leur document, à condition de s’acquitter de frais. Jamais la PJP n’a déçu sa clientèle.»

Question, peut-être, inopportune : est-ce que la PJP ne fonctionne qu’à l’aide de la recette tirée de la délivrance des casiers judiciaires ? Archi-faux. Questions supplémentaires : qu’est-ce qui justifie alors la méga-générosité de ce service public qui délivre le précieux sésame à tour de bras et à tout venant ? Est-ce l’exhibitionnisme de son caractère d’utilité publique ? Est-ce la banalisation du document dit «Extrait du casier judiciaire» ?

En attendant une probable réflexion sur le sujet, limitons-nous à stigmatiser les abus dans sa délivrance. Car, il est difficilement soutenable que, en 62 ans d’indépendance, tous les acteurs politiques et businessmen congolais n’aient eu aucun antécédent judiciaire connu. Ou que tous les mandataires des services publics bénéficient, indistinctement, de la présomption d’innocence.

On dirait que les voleurs des deniers et des biens publics, les commanditaires des assassinats politiques ou crapuleux, sont des anges faits hommes. Donc, ils ont le droit au casier judiciaire vierge. Mais où crèchent les crapules ?

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