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L’harmonie troublée : quand les églises et les bars perturbent le souffle des malades (Tribune de Joseph Ramazani )

Dans les coulisses des cités urbaines, une étrange farandole se joue, mêlant églises et bars aux hôpitaux. Un mélange déflagrant qui vient heurter les sens

endoloris les patients. Les murmures du monde extérieur s’engouffrent sans

retenue dans les chambres meurtries, tourmentant les âmes malades. Les bruits

étrangers, impitoyables et sans merci, se joignent à leur maladie, risquant de les

plonger dans la folie. Et lorsqu’on tente de modérer ces flots sonores, nous

devenons des parias, des « Ndoki« , accusés de sorcellerie. Des prières sont dites

en notre nom « Kingani », pour libérer le mal que nous représentons.

L’exemple de l’hôpital Akram, près de Victoire à Bongolo, révèle cette triste réalité. Lorsque je rendis visite à un ami, atteint de paludisme au denier degré, l’atmosphère

suffocante des lieux, malgré le ventilateur, se mêlait à un bruit rappelant le

marché bondé de Zando . Déplorable est le constat de voir les autorités accorder

des autorisations sans mesurer l’impact de ces activités dans l’espace urbain. Les

bars aussi, complices de cette cacophonie, se nichent souvent à proximité des

hôpitaux ou des écoles.

Le chant discordant : une torture pour les malades.

Pour les âmes hospitalisées, le repos et la quiétude sont des trésors

indispensables à leur guérison. Hélas cher lecteur, la présence des églises et des

bars à leurs côtés rend cette quiétude difficilement accessible. Les sons des

offices religieux, les chants et les prédications, mais aussi les musiques

assourdissantes et les conversations animées de ses lieux, s’infiltrent par les

fenêtres ouvertes et envahissent les chambres des malades. Ainsi naît un

environnement sonore oppressant, exacerbant leurs maux et leurs peines.

Le défi de dompter ces sons sauvages

Face à cette situation, les autorités locales et les responsables des hôpitaux se

retrouvent confrontés à un défi complexe. Quand ils tentent de modérer les décibels émanant des églises et des bars, ils se heurtent souvent à la résistance

farouche des fidèles et des propriétaires de ces lieux. Les demandes de réduire

l’amplitude des micros et des baffles sont perçues comme une atteinte à la liberté

de croire ou comme une ingérence dans les affaires lucratives. Certains vont

jusqu’à considérer ces interventions comme des pratiques démoniaques, organisant des séances de prières pour « libérer » les âmes bien intentionnées qui

cherchent à atténuer le bruit.

La nécessité d’une transmutation urbaine réfléchie

Ce poignant témoignage soulève une question cruciale quant à la planification

urbaine. Les autorités locales se doivent de prendre en considération l’impact des

activités commerciales sur le tissu urbain, surtout lorsque ces dernières se situent

à proximité d’établissements sensibles tels que les hôpitaux et les écoles.

Des mesures réglementaires et de zonages plus stricts pourraient ainsi être nécessaires pour prévenir les nuisances sonores et préserver la santé et le bien- être des citoyens.

Ces chants discordants, ces mélodies torturantes, sont une véritable épreuve

pour les malades. Car dans les ténèbres de leur hospitalisation, le repos et la quiétude sont des joyaux indispensables à leur guérison. Cependant, il est à

espérer que cette musique et ces prières puissent aider à porter les âmes de ceux

qui partent au-delà, laissant leur corps sans émotions, afin de plaider leur cause auprès de Dieu.

 

 

 

 

Poete –Urbaniste

Joseph Ramazani M.

 

 

 

 

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